Un fou d’Allah peut en cacher un autre

L’Iran enterrait hier Mohsen Fakhrizadeh, architecte de son programme nucléaire. C’est le 3e assassinat ciblé de 2020 après Qassem Soleimani et Abdullah Ahmed Abdullah. L’assassinat cet été de ce dernier homme, grand ponte d’Al-Qaïda, semblait confirmer que la puissance chiite et l’organisation sunnite font front commun contre les ennemis américain et israélien. Ce qui devrait inciter l’Europe à adopter face à l’Iran la fermeté que prônait Donald Trump.

Le 7 août, le numéro deux d’Al-Qaïda était assassiné à Téhéran. Selon le New York Times, qui citait des « responsables des services de renseignement », Abdullah Ahmed Abdullah, de son nom de guerre Abu Muhammad al-Masri, accusé d’être l’un des cerveaux des attaques meurtrières de 1998 contre les ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et de Dar es Salaam (Tanzanie), a été abattu par deux assassins à moto dans les rues de la capitale iranienne. Sa fille Miriam, veuve du fils d’Oussama ben Laden qui était avec lui dans la voiture, a également été tuée. Selon ces mêmes sources, l’opération a été menée par les services israéliens à la demande des États-Unis. Le choix de publier cette information vendredi 13 novembre, plus de trois mois après l’opération, probablement à l’initiative des services américains avec ou sans l’accord des Israéliens, n’est certainement pas fortuit. Bien qu’al-Masri, 58 ans, fût l’un des fondateurs et principaux dirigeants d’Al-Qaïda et le successeur présumé de son chef actuel, Ayman al-Zawahiri, l’organisation terroriste n’a pas annoncé sa mort. Les autorités iraniennes ont elles aussi dissimulé l’information. Quant aux responsables de l’opération, on comprend qu’ils soient restés discrets le temps d’exfiltrer les personnes impliquées et de mettre à l’abri les infrastructures de renseignement et de logistique créées spécialement pour soutenir l’équipe des tireurs.

Une question vient immédiatement à l’esprit. L’Iran et Al-Qaïda étant réputés être des ennemis jurés, que diable faisait le numéro 2 de l’un dans la capitale de l’autre ? Pourquoi l’un des hommes forts d’un groupe djihadiste sunnite se trouvait-il dans la capitale de la théocratie chiite ? Selon les services de renseignement américains, al-Masri était « détenu » par l’Iran depuis 2003, lorsque, fuyant l’Afghanistan avec les troupes américaines à ses trousses, il a traversé la frontière. Pourtant, depuis 2015 il vivait à Téhéran librement… dans le quartier des Pasdaran ! Comme détention, on a connu pire. Pour qu’il n’attire pas l’attention dans ce quartier réservé à la nomenclature, les services iraniens lui ont procuré une couverture : pour ses voisins, il était Habib Daoud, professeur d’histoire libanais et membre du Hezbollah. C’est ainsi que, suite au double assassinat, les médias et les réseaux sociaux libanais et iraniens ont présenté la victime. Quelques jours après la gigantesque explo

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