Le club de Davos lance un grand projet pour l’après-Covid. En dépit des promesses d’un monde meilleur que celui d’avant la pandémie, The Great Reset annonce l’accomplissement de toutes les tendances néolibérales, technocratiques et antinationales préexistantes. Souverainistes, sur vos gardes !
Ce printemps, l’Occident, d’ordinaire si prompt à célébrer le retour des belles saisons, s’est tu, confiné entre ses murs, reclus dans ses foyers ; et très tôt, d’aucuns ont commencé à conjecturer quant à l’opportunité, voire la nécessité d’un « monde d’après ». Certains ont même vu dans les événements qui se jouaient les signes irréfutables d’un nouveau millénarisme, révélation d’un plan ordonné par une coterie de puissants : le « monde d’après » ne surviendrait qu’après une « Grande Réinitialisation » (Great Reset), un nouveau départ pour l’humanité dont la crise sanitaire serait l’élément déclencheur.
Le prophétisme des « élites mondialisées »
Le concept de « Grande Réinitialisation » a été popularisé en mai, au cours d’une séance virtuelle du Forum économique mondial (plus connu sous le nom de forum de Davos), alors qu’une grande partie du monde était entrée en confinement. Présenté par le prince Charles et par Klaus Schwab, ingénieur et économiste allemand, fondateur du Forum, ce thème suscite rapidement l’intérêt médiatique. Il alimente aussi nombre de « théories » conspirationnistes, tandis qu’il recueille la faveur du candidat Joe Biden et suscite un plaidoyer volontariste de Justin Trudeau en septembre devant l’ONU. Plus récemment c’est le – très décrié – documentaire Hold-up qui en a fait mention, contribuant à diffuser le concept en France.
Partout, le schéma narratif employé s’avère peu ou prou le même : la crise démocratique, identitaire et environnementale que nous vivons serait le prétexte, voire la propédeutique à un changement de paradigme voulu et orchestré par les « élites mondialisées ». Cette rupture viserait à imposer aux peuples une gouvernance transnationale, technocratique et technologique, au service d’un capitalisme enfin débridé.
La grande convergence des peurs
Le xxie siècle en Occident est marqué par la peur et par la défiance : vis-à-vis d’États jugés défaillants dans la contention de la menace terroriste (échecs des interventions en Irak, en Afghanistan ou plus récemment en Syrie) ; vis-à-vis d’une technique dont la marche se heurte chaque jour un peu plus au conservatisme éthique (débats sur la 5G, sur la surveillance généralisée par la data, sur les biotechnologies) ; vis-à-vis d’une science inapte à prévenir la pandémie actuelle et d’une médecine en incapacité de la soigner ; vis-à-vis d’une démocratie ne parvenant pas à juguler l