Samedi, le président français et le chancelier allemand se sont entretenus avec le président russe. Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont appelé Vladimir Poutine à « des négociations directes sérieuses avec le président ukrainien » et réclamé « une solution diplomatique » à la guerre en Ukraine. Le lendemain, les forces russes ont intensifié leurs attaques dans la région de Louhansk pour la faire tomber dans les mains de Moscou.
Preuve, pour qui en doutait encore, que les efforts diplomatiques ont bien peu de prise sur le locataire du Kremlin. Au contraire. Les Occidentaux alertent aujourd’hui sur la sécurité alimentaire mondiale ? La Russie se dit « prête à aider à trouver des options » ; nul doute que cette aide sera monnayée d’une manière ou d’une autre.
La réalité, quatre mois après le début de l’assaut sur l’Ukraine est bien celle-ci : aucune sanction, aucun coup de menton ne feront plier Poutine. Ce qui compte, comme le souligne le politologue allemand Carlo Masala, c’est l’analyse coût-bénéfice que le président russe fait du conflit : tant qu’il n’a pas plus à perdre à poursuivre la guerre qu’à la cesser, il ne reculera pas.
C’est un paradigme que devront prendre en considération les dirigeants européens qui se réunissent ces lundi et mardi pour trouver des réponses aux faiblesses de l’UE en matière de sécurité alimentaire, de dépendance énergétique et de capacités de défense de l’UE – failles exposées par la guerre en Ukraine. Il est temps de donner à l’Europe des moyens de restaurer un rapport de force. Cela passera par une autonomie stratégique et plus de souveraineté, mais aussi par la définition de lignes rouges qu’elle devra faire respecter. Il en va de sa crédibilité.