Pas évident de suivre l’évolution de la situation au Niger.
Entre les fausses rumeurs, les vidéos détournées, les audios manipulées, la machine de la désinformation est en marche.
Cette vague de désinformation est autant le fait d’acteurs locaux que d’influences étrangères.
Il est vrai que les enjeux géo stratégiques sont considérables pour un pays qui attire toutes les convoitises.
Au cœur du Sahel, un territoire riche de ressources comme l’uranium et le pétrole traversé par un futur gazoduc entre le Nigeria au sud et l’Algérie au Nord, le Niger attire toutes les convoitises. C’est aussi malheureusement la zone de tous les trafics et la terre d’action de groupes terroristes.
Pour autant, sa population est l’une des plus pauvres du monde.
Au-delà des fausses rumeurs et des informations erronées, il est des faits établis.
D’abord la désunion de la CEDEAO s’agissant de l’intervention militaire ; seuls le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria semblent décidés à intervenir.
Les autres pays sont opposés ou réticents à l’image de l’Union africaine.
Une guerre opposant des Africains à d’autres Africains serait la pire des choses. Et aucun pays ne veut faire du Niger une nouvelle Libye.
Par ailleurs, une intervention militaire n’est pas évidente.
Une telle intervention exige du renseignement, de la logistique, des moyens de projection. Les forces de la CEDEAO disposent-elles de tous ces moyens ?
L’Amérique ne semble pas disposée à les fournir.
Autre fait important, le rôle de plus en plus visible de l’Algérie.
Après avoir refusé le survol de son territoire par l’aviation française, l’Algérie a envoyé une mission diplomatique auprès des pays de la CEDEAO aux fins de favoriser une solution diplomatique ; il est intéressant de noter qu’une part importante de l’élite nigérienne a été formée en Algérie.
Et la France ?
La France est présente militairement au Sahel depuis 10 ans. Après tant d’années les forces françaises sont perçues comme une armée d’occupation.
Après le Mali en Mai 2021, le Burkina Faso en Septembre 2022, la crise au Niger marque sans doute pour ces trois pays la volonté d’en finir avec l’ingérence française. Aux yeux de nombreux Africains la démocratie est souvent synonyme de régimes corrompus.
C’est la fin de la françafrique mise en place après la décolonisation.
Un système qui repose sur 3 piliers : la présence militaire, l’aide au développement et le franc CFA (dernière monnaie coloniale)
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Allons plus loin au-delà de la crise actuelle, il est un enjeu majeur, ancien dont on parle peu.
Un enjeu dont on parle peu, mais qui explique beaucoup de choses.
C’est l’enjeu de l’industrialisation de l’Afrique par les Africains pour le marché africain.
Toutes les tentatives pour atteindre cet objectif ont été combattues par l’occident.
Et dans le même temps, se tient en Afrique du Sud le sommet des BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud.
Ce forum s’affirme comme une alternative au G7 avec l’ambition de rebattre les cartes de l’ordre économique mondial.
Et de contester le règne du dollar.
Les BRICS se sont élargis à de nouveaux pays notamment africains.
Nous assistons donc bien à la fin d’une époque et à l’émergence d’un monde nouveau.
Il sera intéressant lors des prochaines élections européennes de débattre des relations Europe/Afrique.