Le 24 février 2022, Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie annonce le déclenchement et les objectifs d’une opération spéciale russe en Ukraine. Surprenante pour certains, attendue au point d’être annoncée par d’autres, cette opération conduite avec des effectifs très limités au départ, à un contre trois, obtient d’emblée des résultats spectaculaires sur un front initial très étendu de 2600 kms.
Un entrepreneur et analyste franco-russe, ancien officier français, diplômé de l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr, Xavier Moreau, père de famille attaché aux valeurs traditionnelles de la France éternelle, soucieux de l’évolution de son pays d’origine et attaché à celle de son pays d’accueil, auteur de plusieurs livres, annonce la victoire russe quelques jours à peine après le déclenchement de l’opération. Il est immédiatement contesté par une myriade d’analystes et de journalistes du camp ukro-atlantiste, seuls admis sur les plateaux TV et relayés dans les médias mainstream occidentaux. Et pourtant, il a raison.
Il a raison dès le 24 février 2022, peut-être parce qu’il a déroulé sérieusement, et sans erreur d’appréciation, la méthode de raisonnement appliquée par tout bon chef militaire avant d’engager une action importante et il a parfaitement analysé, au départ de l’action, ce qu’on appelle, dans le jargon des états-majors, «la balance des potentiels».
Il s’agit, dans ce travail, d’analyser les forces et les faiblesses de chaque camp dans tous les domaines et dimensions possibles : démographique, économique, unité et cohésion nationale, qualité des leaderships politique et militaire, solidité et unité des alliances et cadre géopolitique global, avances technologiques et enfin aspects purement militaires (effectifs, équipement, logistique et soutien, capacités aériennes, navales et terrestres, quantité et qualité des munitions, capacités des complexes militaro-industriels de chaque camp pour en produire dans la durée, etc.
Dans presque tous les domaines analysés, la supériorité russe était écrasante par rapport à l’Ukraine kiévienne et ne laissait aucune chance de succès à ce pays pour tout observateur impartial. La guerre était donc gagnée par la Russie dès son déclenchement, faute de pouvoir l’être par le régime de Kiev, même soutenu par l’OTAN. La gouvernance de Kiev l’avait parfaitement compris en demandant à négocier quelques jours à peine après le début des opérations. Seules les promesses anglo-saxonnes et otaniennes de soutien ont pu convaincre Zelensky de poursuivre le combat, mais ce soutien fût bien trop faible et arriva bien trop tard.
Par incompétence ou par cynisme, des erreurs d’appréciation colossales sur le potentiel et la résilience russe, erreurs involontaires ou délibérées, ont été commises par le leadership politique et militaire du camp atlantiste. Ces erreurs conduisaient à la défaite inéluctable du camp otanokiévien.
Aveuglés par une russophobie quasi-pathologique, prenant leur désir pour des réalités, surestimant la force du régime de Kiev et l’apport du soutien de l’OTAN, certains experts et journalistes ont déroulé une méthode bien connue qui fait abstraction de tout raisonnement sérieux : la méthode Coué consistant à répéter inlassablement, à l’attention des opinions publiques et à seule fin de les galvaniser, le même mantra sans fondement : «L’Ukraine va gagner !» ; interprétant le moindre retrait tactique russe comme une grande victoire du camp otano-kiévien et le signe, annonciateur selon eux, de sa victoire finale…
Initialement limitée à la Russie et à l’Ukraine, l’opération spéciale a rapidement évolué vers un affrontement planétaire avec implication directe ou indirecte de très nombreux acteurs, intervenant, à divers degrés, en soutien de toute nature à chacun des deux camps.
Ce bras de fer oppose donc désormais un camp otano-kiévien, mondialiste, néoconservateur, partisan du statut quo et du maintien de l’uni-polarité sous hégémonie US, à celui d’une Russie, farouchement souverainiste, devenue de facto le fer de lance du camp de la multipolarité, prônant la non ingérence et le respect entre États souverains. Il ne s’exerce pas seulement sur le théâtre ukrainien, mais sur l’ensemble de la planète.
Ce bras de fer est en voie d’être perdu par le camp atlantiste qui accumule les échecs et les discrédits depuis 4 ans.
Échec cinglant du clan otanien dans «la guerre à la Covid-19» avec la stratégie du tout vaccinal et des montagnes de dettes pour un résultat bien pire que celui d’un tiers monde moins vacciné, et la mise en évidence de la corruption généralisée de certaines élites politiques et sanitaires, et des médias mainstream ;
Échec otanien en Afghanistan avec un piteux retrait US et la victoire en retour des Taliban.
Échec en Ukraine dans une guerre par procuration qui n’était pas gagnable.
Discrédit otanien total en Palestine, par un soutien jusqu’au-boutiste à une gouvernance israélienne exterminatrice.
Le monde qui observe, effaré, le déclin militaire, économique, moral et social de l’occident otanien se recompose et s’organise désormais sans lui, voire contre lui.
En conclusion et à l’appui des propos de Xavier Moreau qui vont suivre, voici quelques une des raisons, tirées de la balance des potentiels au départ de l’action qui expliquent pourquoi la victoire de la Russie était inéluctable.
- Démographie
L’avantage est à la Russie, pays le plus peuplé d’Europe avec près de 150 millions d’habitants qui fait face à la partie kiévienne de l’Ukraine, dont la population résiduelle n’excède guère les 25 millions si l’on tient compte de l’émigration économique et politique massive qui a durement frappé le pays depuis 2014 et la sortie du territoire d’un grand nombre de réfugiés depuis le début de l’opération spéciale. Dans une guerre d’attrition, ou la chair à canon kiévienne est écrasée par une puissance de feu huit fois supérieure à la sienne, la victoire russe ne faisait aucun doute.
- Apport aux deux parties des soutiens extérieurs
Les pays membres de l’OTAN comptent moins d’un milliard d’habitants et leur gouvernance ont souvent été mal élues (France, Allemagne, USA) au point qu’elles répugnent à s’engager directement dans le conflit, ne disposant pas d’un soutien de l’opinion suffisant pour le faire.
Elles y répugnent d’autant plus qu’elles n’ont cessé, depuis l’effondrement de l’Union soviétique, de désarmer à tout va pour engranger les dividendes de la paix. Leurs forces armées ne sont ni dimensionnées, ni prêtes, ni équipées, ni entraînées pour s’engager, sans la moindre réserve, dans une guerre de haute intensité contre la Russie, avec une Chine en embuscade, nommément désignée aux côtés de la Russie, comme adversaire majeur de l’OTAN dans le dernier concept stratégique de mars 2022.
Ces gouvernances otaniennes répugnent aussi à s’engager directement parce qu’elles craignent l’issue des prochaines échéances électorales qui ne s’annoncent pas bonnes pour elles. Certains pays membres de l’OTAN affichent même leurs différences et prennent leurs distances avec la position officielle de l’OTAN. (Hongrie, Slovaquie et même Turquie).
Écrasées par les dettes qui ont explosé lors de la crise Covid et par les conséquences des sanctions économiques boomerangs appliquées sans nuance, les économies de l’occident otanien sont aujourd’hui en difficulté et dans l’incapacité de soutenir l’Ukraine indéfiniment.
La Russie et la Chine, pour leur part, ont tissé patiemment un réseau d’alliance depuis l’humiliation du bombardement de Belgrade (1999), donnant le jour à l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS en 2001) puis aux BRICS en 2008. Ces deux pays se sont armés depuis plus de 20 ans et se sont préparés à une confrontation avec l’OTAN qu’ils jugeaient inévitable.
Grace à des diplomaties efficaces et à leurs réseaux d’alliance, ces deux pays se sont mis en situation d’échapper aux conséquences des sanctions occidentales, voire d’en tirer profit.
Ce sont bien ces nouvelles alliances (BRICS, OCS) et les pays qui en sont proches qui détiennent aujourd’hui l’énorme majorité des ressources énergétiques (gaz, pétrole) et des ressources minérales de la planète. Leurs taux de croissance économique sont très supérieurs à ceux de l’OTAN et du G7 au point que ces deux entités sont désormais distancées par la multipolarité en PIB /Parité de Pouvoir d’achat et que l’écart se creuse. Les BRICS et l’OCS regroupent, avec ceux qui aspirent à les rejoindre, l’énorme majorité de la population planétaire.
L’avantage n’est donc plus dans le camp otano-kiévien.
- Différentiel de niveau et de charisme entre les leaderships otano-kiéviens et russe
Dans tous les sondages, sans exception, effectués en Russie, la côte de popularité de Vladimir Poutine tangente les 80%. La côte de ses principaux ministres est toujours supérieure à 50%. Il est vrai que Vladimir Poutine et ses équipes ont redressé un pays en grande difficulté dans la période 1990-2000 et ont fait renaître un pays solide. La population russe lui en est reconnaissante et lui accorde sa confiance, en particulier dans le bras de fer qui l’oppose à l’OTAN aujourd’hui.
Dans l’occident otanien, les chefs d’État ou de gouvernement n’ont pas, ou plus, la confiance de leurs administrés. Aux USA, tous les sondages effectués indiquent qu’environ deux tiers des Américains estiment que leur pays évolue dans la mauvaise direction et le taux d’approbation du président Biden est historiquement bas (40%) pour un président sortant à dix mois d’un nouveau scrutin présidentiel. En Allemagne la côte d’Olaf Scholtz et de sa coalition est en chute libre. En France, le président Macron et sa coalition de gouvernement ne sont soutenus que par une partie infime de leur population (10% des électeurs inscrits aux élections européennes de 2019). Le 10 avril 2022, au 1er tour de la présidentielle française, dans le contexte très particulier de la crise sanitaire et de la crise ukrainienne, 80% des électeurs inscrits n’ont pas voté pour le président sortant Emmanuel Macron.
Pour l’efficacité et le charisme, il n’y a donc pas photo entre les chefs d’exécutif Biden, Scholtz, Macron et Poutine. Il n’y a pas photo non plus aux affaires étrangères entre Blinken, Baerbock, Séjourné et Lavrov. La compétence et l’expérience des exécutifs sont, de très loin, des points forts de la Russie. On ne gagne pas les guerres avec des chefs séniles et des équipes gouvernementales inexpérimentées, issues, de surcroît, de la promotion Canapé.
- La Guerre de l’information
Dès les premiers jours de l’opération spéciale, la meute médiatique occidentale s’est mobilisée pour tenter de convaincre l’opinion mondiale de se ranger aux côtés de l’Ukraine et d’isoler la Russie.
Elle y est parvenue dans une majorité des pays de l’occident otanien en interdisant la presse russe (RT et Sputnik). Mais elle a échoué presque partout ailleurs. Les alliances patiemment tissées depuis le début des années 2000 ont joué un rôle salvateur pour la Russie. Les presses Chinoise, Indienne, Brésilienne, Africaine et bien d’autres sont venues épauler la presse russe et appuyer son narratif.
Nombre de pays ont refusé d’appliquer des sanctions contre la Russie et ont ainsi favorisé sa résilience économique.
L’Afrique, dans sa quasi-totalité, a même pris ses distances avec l’occident otanien. La Françafrique a dû laisser sa place aux influences russes et chinoises.
En clair, la guerre de l’information n’a été gagnée par l’occident que dans l’entre-soi otanien, mais elle a été perdue presque partout ailleurs. L’attitude de soutien jusqu’au-boutiste à l’État d’Israël dans le génocide en cours en Palestine a fini de discréditer les médias de l’occident otanien qui mérite plus que jamais son surnom d’«Empire du mensonge».
«Nous avons menti, triché, volé, c’est comme si nous avions suivi des stages de formation pour apprendre à le faire. Ceci nous rappelle la gloire de l’expérience américaine», Mike Pompeo, secrétaire d’État américain.
- Les Forces Armées
Les éléments à retenir qui pourraient, à eux seuls, expliquer la victoire inéluctable de la Russie sont sa suprématie aérienne totale et une supériorité des feux d’artillerie de l’ordre de huit contre un. On peut y ajouter la capacité d’adaptation de ses troupes et le souci permanent de limiter les pertes de son camp.
À ceux qui se demandent encore pourquoi la Russie ne parvient pas à l’emporter plus vite, avec les moyens dont elle dispose, la réponse pourrait bien être : «Quel intérêt la Russie aurait-elle à l’emporter plus vite alors que la prolongation du conflit travaille pour elle en affaiblissant durablement les économies des pays membres de l’OTAN, ce qui réduit d’autant leur pouvoir de nuisance à moyen et long termes et profite donc à l’émergence de la multipolarité ?»
Comme le constate Xavier Moreau, la Russie a déjà gagné depuis longtemps. Elle créera, au moment qu’elle aura choisi, la situation lui permettant d’imposer la signature d’un accord de paix à ses conditions. Les opérations pourraient donc se poursuivre plusieurs mois encore.
Après un nouvel élargissement des BRICS, en Octobre 2024, au sommet de Kazan, en Russie, sommet qui devrait être présidé par Vladimir Poutine en personne et consacrer le triomphe de la multipolarité et peu avant (ou après) l’élection présidentielle US de début Novembre, la fin d’année 2024 ne manquera pas de périodes propices pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Xavier Moreau a donc encore du pain sur la planche pour nous décrire les péripéties du bras de fer économique et militaire OTAN-Russie, en Ukraine et dans le reste du monde.
Il sera, à n’en pas douter, l’objet de critiques dans les médias mainstream de ses détracteurs que ses propos dérangent. Mais c’est tout à son honneur d’avoir vu juste le premier. Courage à lui pour la suite.