Un nombre croissant de soldats israéliens refusent discrètement l’ordre de retourner au combat à Gaza.
Après un an de génocide à Gaza, de plus en plus de soldats israéliens tentent discrètement de se soustraire au combat dans la bande de Gaza, se disant déprimés, épuisés, psychologiquement affectés et démotivés, selon un rapport publié le 20 octobre par le magazine Ha-makom.
Le magazine à orientation ultra-orthodoxe a interrogé plusieurs soldats et parents de soldats qui refusent de retourner à Gaza. Récemment, lorsqu’une unité de 30 soldats de la brigade Nahal a reçu l’ordre de se rendre à Gaza pour la dernière de plusieurs missions, seuls six d’entre eux se sont présentés à l’appel.
«J’appelle ça du refus et de la rébellion», déclare Inbal, la mère de l’un des soldats de la section.
«Ils repartent vers les mêmes bâtiments déjà nettoyés, où ils sont à nouveau piégés. Ils sont déjà allés trois fois dans le quartier de Zeyton. Ils réalisent que c’est voué à l’échec et vide de sens».
Bien que les effectifs soient réduits à un cinquième, le commandant a néanmoins insisté pour qu’ils entrent dans la bande de Gaza.
Ils sont restés sur place et ont attendu que le temps passe. Opération inutile.
Outre la lutte contre les combattants du Hamas, les soldats israéliens démolissent des immeubles résidentiels à l’aide d’explosifs, tirent sur les enfants, bombardent les hôpitaux et les écoles accueillant des réfugiés et détruisent les infrastructures d’eau et d’électricité de Gaza.
Un parent d’un soldat de Nahal a déclaré que, selon son fils, «les bâtiments sont vides. Tous ceux qui ne sont pas morts ou blessés ont subi des traumatismes mentaux. Rares sont ceux qui sont retournés au combat. Et ils ne se sentent pas vraiment bien non plus».
Après l’invasion terrestre du Liban par Israël, au cours de laquelle de nombreux soldats ont déjà été tués et blessés, son fils lui a dit :
«Je ne sais pas avec quelle armée ils envisagent d’entrer au Liban, mais je ne retournerai pas là-bas avec mon bataillon».
Selon les personnes interrogées par Ha-makom, le refus de servir ne fait l’objet d’aucun consensus parmi les soldats.
Au contraire, l’un d’entre eux est allé tranquillement voir son commandant et lui dit qu’il n’est pas en mesure de se battre. Il est alors démis de ses fonctions et affecté à un poste non combattant ailleurs.
«Les choses se règlent au sein de l’unité. Cela arrive tout le temps. Les soldats abandonnent sans cesse le combat», explique un parent.
Chez les mères, ce phénomène est appelé «refus silencieux» ou «refus gris».
Les soldats sont démoralisés à l’idée de devoir retourner dans des zones de Gaza où ils se sont battus il y a plusieurs mois, et où ils étaient censés avoir vaincu le Hamas.
«Retourner là-bas, à Jabaliya, Zeyton et Shajaya, a brisé les soldats», explique Eidit, une mère de famille.
«C’est dans ces secteurs qu’ils ont perdu leurs amis. La zone était déjà propre. Mais fallait la préserver. Ça les a beaucoup frustrés. Ce qui les abat, ce sont les conditions et la durée des combats, dont on ne voit pas la fin. Personne ne peut savoir quand on en sortira, et cela fait déjà un an que ça dure. Sans parler des pertes et des scènes éprouvantes auxquelles ils assistent à Gaza».
Yael, la mère d’un combattant d’une brigade de commandos, raconte que son fils lui a dit :
«Nous sommes comme des cibles de choix au champ de tir. Nous ne savons pas ce que nous faisons ici. Les otages ne se ramènent pas une deuxième ou une troisième fois, et on voit bien que c’est sans fin, et les soldats sont blessés et tués».
En mars, quatre combattants de l’unité ont été tués et des dizaines d’autres blessés lors de trois attaques distinctes.
Après son retour de Gaza, l’unité du soldat a été convertie en unité de réserve et renvoyée directement pour combattre dans l’enclave.
«Il a dit à son commandant qu’il voulait rester combattant de réserve mais que, pour le moment, ce n’était pas possible à cause de ses parents, et qu’il ne pensait pas que ce soit utile de continuer. Il a été libéré mais n’a pas reçu d’ordre 8», qui est un ordre de mobilisation des combattants de réserve.
Leurs commandants les humilient pour avoir abandonné leurs camarades et tentent de les convaincre de se battre, mais finalement, aucune mesure n’est prise contre ces soldats.
«Deux mois avant lui, deux combattants de son unité ont refusé de retourner au combat, et c’est ce qui lui a donné le courage. À l’heure actuelle, la plupart d’entre eux n’ont pas été mis en prison et le phénomène est passé sous silence».
Ha-Makom ajoute qu’«après 12 mois consécutifs d’une guerre qui ne mène nulle part, les soldats sont «noirs». En argot militaire, cela signifie qu’ils sont déprimés, épuisés et démotivés».
«Au début, il était très déterminé», raconte Ofer, le père d’un tireur d’élite de l’une des unités d’infanterie. Il disait :
«Notre travail est de ramener les otages, notre travail est de nous venger, et il y est allé».