Incertain 2022

Sauf imprévu, Emmanuel Macron et Marine Le Pen seront candidats à l’élection présidentielle de 2022. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a déjà annoncé sa candidature. Mais bon nombre d’incertitudes subsistent sur les autres candidats potentiels…

L’avantage de la politique est qu’elle peut être médiocre au quotidien mais qu’elle n’interdit pas les échappées, les imaginations qui sont autant de consolations, de compensations. Puisque nous nous trouvons confrontés à une séquence dont le moins qu’on puisse dire est que le pouvoir n’en sort grandi sur presqu’aucun plan – et notamment pas sur celui du caractère et de la cohérence -, l’envie me prend de m’évader, de construire des châteaux en France et de me plonger dans un futur aux imprévisibles configurations. Rien n’est sûr, rien n’est acquis, tout est possible, il ne faut pas insulter l’avenir et les perdants d’aujourd’hui pourront être les vainqueurs de demain. Il est passionnant d’écouter les citoyens et de les sentir écartelés entre une démobilisation accrue ou un engagement sans enthousiasme. Il y a la résignation (et parfois une authentique satisfaction tout de même !) qui en conduit certains à vouloir réélire Emmanuel Macron parce que personne de légitime et de compétent, face aux crises, ne les surmonterait mieux que lui. L’avantage d’être au pouvoir est que d’y être est déjà une argumentation pour la suite !

On évoque le général Pierre de Villiers (…) mais ce dernier devrait alors sortir des banalités nobles qu’il affectionne au fil des entretiens et ne constitueraient pas un programme. Et les nostalgiques de Nicolas Sarkozy qui l’adorent à proportion de ses défaites…

Il y a ceux qui ont déjà pris le parti d’un second tour en 2022 opposant à nouveau Emmanuel Macron à Marine Le Pen.
À l’heure actuelle, que d’incertitudes sur le nom des candidats!

Il y a ceux qui prennent de haut Xavier Bertrand ou Bruno Retailleau en surestimant ceux qui nous gouvernent aujourd’hui. Cette condescendance est étrange, elle laisserait penser que la réalité présente est enthousiasmante et que nul ne pourrait proposer mieux.

Il y a ceux qui tiennent pour acquise la présence du RN au second tour mais qui n’excluent pas qu’on puisse avoir des surprises pour son adversaire.

D’aucuns en tiennent encore pour la possibilité d’un candidat LR dans la joute finale pendant que Christian Jacob se remet de l’abandon au moins implicite de François Baroin.

D’autres aspirent à une gauche unie qui ferait combattre ensemble socialistes et écologistes et dans cette éventualité le président sortant pourrait être battu dès le premier tour. Il m’apparaît qu’on tourne trop en dérision la volonté de quelques-uns de favoriser cette unité, qui est portée par Anne Hidalgo de manière de plus en plus explicite, malgré les difficultés qu’elle aura à surmonter. Ce seraient les mêmes, peut-être encore plus considérables, que celles risquant d’entraver un Arnaud Montebourg qui piaffe.

Unité d’une gauche socialiste et écologiste déjà mise à mal par la précipitation ambitieuse, pour la troisième fois, d’un Jean-Luc Mélenchon qui ne pouvait pas attendre: il aurait craint de perdre sa place dans le grand jeu présidentiel. Pourtant sa victoire en 2022 serait inconcevable. Sauf à ce que la succession de handicaps représente une force !
Une surprise attendue?

Les communistes également souhaiteraient avoir leur candidat.

Yannick Jadot ne refuserait pas l’honneur de porter les couleurs d’une gauche rassemblée sous ses deux espèces mais son désir d’apparaître comme un candidat ouvert, plausible et tolérant pourrait lui aliéner un certain nombre de voix que le sectarisme s’est approprié. Et Eric Piolle se ferait un plaisir de les prendre en charge !

Le paradoxe est que le monde politique présente des béances qui laissent passer des désirs, des attentes d’autres personnalités, peut-être encore inconnues, tels d’improbables Emmanuel Macron.

Robert Ménard aspire à une union des droites mais sans Marine Le Pen. Il affirme, lui, n’être pas intéressé par une telle démarche mais se veut, se vit tel un aiguillon.

On évoque le général Pierre de Villiers pour répondre à une part de cette France qui a envie d’un militaire à la tête du pays mais ce dernier devrait alors sortir des banalités nobles qu’il affectionne au fil des entretiens et ne constitueraient pas un programme. Et les nostalgiques de Nicolas Sarkozy qui l’adorent à proportion de ses défaites.

Tout ce qui va se dérouler l’année prochaine, avec les désastres économiques et sociaux à venir, va ajouter des incertitudes à cette immense hésitation démocratique. Sera-t-elle tentée d’aller vers la stabilité, l’adhésion au pouvoir en place ou prête à toutes les audaces, voire à toutes les imprudences ? On continuera le livre, ou on commencera à en écrire un autre ? La politique, quand on la rêve, a d’indicibles charmes. Qui sera capable, demain, de nous faire espérer sans nous désenchanter aussitôt ?

Check Also

Hopes and Uncertainties in Syria

Many Western leaders have expressed their relief at the collapse of the dictatorship of Syria’s …