Le prestigieux CNRS est-il une conquête de l’extrême-gauche? Depuis les propos fracassants de Frédérique Vidal, politiques, presse et scientifiques s’écharpent sur la question.
Les Français, dans leur grande majorité et à juste titre, sont attachés à l’excellence de la recherche scientifique française. Attachement qui ne doit rien au hasard, tant nombreux furent les grands scientifiques à avoir travaillé à la gloire des sciences et à l’honneur de la France. Voulu par Jean Zay, le CNRS voit le jour en 1939 et se donne pour mission de “coordonner l’activité des laboratoires en vue de tirer un rendement plus élevé de la recherche scientifique”.
Qu’appelle-t-on la “recherche scientifique » ? Un ensemble de disciplines que l’on peut regrouper en deux grandes catégories : la première est celle des sciences dites exactes ou formelles (mathématiques, physique, astrophysique, chimie etc.), la seconde celle des sciences humaines et sociales qui constituent, par définition, un ensemble de disciplines subjectives (histoire, sociologie, science politique etc.).
Au CNRS, ces dernières sont regroupées au sein de l’INSHS (Institut des Sciences Humaines et Sociales). Institut dont certains membres jouissent du privilège d’être souvent invités sur les plateaux télé ou chaînes de radio afin d’y présenter leurs travaux.
Les rédactions de presse savent pertinemment que, lorsqu’il endosse les habits de chercheur au CNRS, l’historien, le sociologue ou le politologue acquiert une autorité morale que ne lui dispute pas le grand public. Quoi de plus facile que de faire pénétrer son idéologie à l’intérieur d’un esprit désarmé ?
D’où les nombreuses tentatives de noyautage de la noble institution par l’extrême-gauche qui en a fait un de ses principaux objets de conquête. À cet égard, elle a obtenu de très belles victoires comme en témoigne la récente levée de boucliers des chercheurs en réponse aux déclarations de Mme la ministre de l’Enseignement Supérieur sur l’islamo-gauchisme qui, selon eux, “ne correspond à aucune réalité scientifique”.
Samuel Hayat et le « délire » islamo-gauchiste
Déjà en 2020, Samuel Hayat, chercheur en sciences politiques au CNRS s’était fendu d’une tribune publiée par l’Obs “L’islamo-gauchisme : comment (ne) naît (pas) une idéologie”. Nous passerons sur l’écriture inclusive, les “celles et ceux” et autres niaiseries boursouflées pour tenter de nous intéresser au fond : l’islamo-gauchisme serait un concept faible, sans aucune réalité ni “à l’université, ni ailleurs”, inventé par des “intellectuels réactionnaires” pour « discréditer une partie du mouvement alter-mondialiste et antiraciste”.
Tout un programme. Le chercheur d’extrême-gauche nous fait même l’honneur de ne pas « répondre par le mépris” avant de dégainer le sophisme ultime, la comparaison entre l’islamo-gauchisme et… le judéo-bolchevisme des années 1930. Une obscénité surannée dont l’extrême-gauche est toujours coutumière.
Son collègue Pascal Blanchard préférera parler de “judéo-maçonnisme” sur France Inter cette semaine. Nous aimerions pourtant savoir combien de meurtres, d’exécutions de masse ou de pogroms ont été la conséquence d’une accusation d’islamo-gauchisme. Un chercheur au CNRS devrait savoir compter jusqu’à zéro !
Quant à l’existence d’une alliance tacite entre les islamistes et une partie de la gauche française qui ne serait que pur fantasme, renvoyons M. Hayat aux nombreux articles déjà écrits à ce sujet lors des élections municipales de 2020, notamment par Céline Pina ou Clément Pétreault.
Invitons-le à s’interroger sur les raisons ayant poussé quatre-vingt membres de l’UNEF à démissionner collectivement en 2019, expliquant que “Pour [eux], l’identité syndicale est avant tout une identité de classe” ; demandons-lui pourquoi le NPA est-il si prompt à prendre part aux manifestations pro-Palestine tandis que nous ne l’entendons guère sur le sort des Yéménites qui constitue, rappelons-le, la plus grande crise humanitaire de ce siècle. Toutes ces réalités qui devraient interroger l’honnête scientifique, ne relèveraient d’aucune logique, d’aucun réflexe politique d’après M. Hayat.
Nicolas Mariot et les “radicalisés” morts pour la France
Trois jours après les égorgements de la gare Saint-Charles de 2017, Nicolas Mariot, directeur de recherche au CNRS publie un texte dans le journal Libération : “Du poilu Hertz à Merah, une radicalisation en famille”. Dans son article, l’historien dresse un parallèle invraisemblable entre Robert Hertz, normalien, agrégé de philosophie, tombé sur le champ d’honneur en 1915 et Mohammed Merah (!) Celui même qui a logé une balle dans la tête de la petite Myriam Monsonégo après l’avoir attrapée par les cheveux. L’auteur prend d’abord ses précautions, estimant qu’il serait exagéré d’”adosser [les deux personnages] ainsi, sous la bannière de la radicalisation, patriotique chez l’un, islamiste chez l’autre”. Notons que, d’après M. Mariot, vouloir défendre son pays jusqu’à l’ultime sacrifice, c’est être radicalisé. Les familles des millions de braves morts pour la France apprécieront. Nous voyons ensuite, quelques lignes plus loin, où le chercheur veut nous mener : le héros Hertz et le terroriste Merah auraient été, tous deux, victimes d’un lavage de cerveau en règle par des membres de leurs familles, à coups de “feuilles de propagande” et d’ “éditoriaux de Maurice Barrès” pour l’un et de “livres religieux” pour l’autre. Nous devinons qu’il s’agit évidemment de la grotesque “tenaille identitaire” qui suppose une analogie entre l’idéologie islamiste et l’extrême-droite française. Lorsque l’on rétorque aux chantres de cette théorie fumeuse que ce n’est pas l’extrême-droite en France qui égorge des vieillards, des jeunes femmes, décapite des professeurs ou tire sur nos enfants, ils n’ont plus d’autre choix que d’aller, à l’instar de M. Mariot, déterrer et secouer les cadavres de nos héros morts au combat.
Pascal Blanchard et la race
Souvent présenté comme chercheur au CNRS spécialiste des études postcoloniales(1), M. Blanchard est l’un des premiers importateurs en France de cette théorie très controversée, ayant pour postulat que les Français d’origine immigrée seraient d’éternels “sujets post-coloniaux”. Selon lui, il existerait en France une mécanique invisible aux ressorts multiples, dont l’objectif serait le maintien d’une partie des citoyens en état d’infériorité vis-à-vis des autres. Bien que dépourvue d’aucun fondement ni scientifique ni juridique, le postcolonialisme fait pourtant des émules chez certains chercheurs-militants. Ainsi, l’ACHAC, groupe de recherche nébuleux dirigé par M. Blanchard qui regroupe journalistes, militants et quelques chercheurs égarés est une superbe entreprise de propagande qui, recouverte des faux oripeaux de la recherche scientifique, diffuse son venin raciste là où elle le peut. Nous ne le répéterons jamais assez : leur discours est raciste. Lorsque M. Blanchard nous explique que “les blancs ne peuvent pas comprendre ce que ressentent les noirs”, ce n’est ni plus ni moins que du racisme. D’ailleurs si un blanc ne peut pas ressentir ce que ressent un noir, qu’en est-il des Maghrebins envers les Ashkénazes ? Des Normands envers les Basques ? Nous aimerions savoir quelles sont d’après lui, les ethnies capables d’empathie et celles qui ne le sont pas. Que M. Blanchard se rassure : nous ne l’avons pas attendu lui et sa troupe indigéniste pour savoir que la France était une nation multi-éthnique. Jacques Bainville, au début du XXe siècle disait “le peuple français est un composé, c’est mieux qu’une race, c’est une Nation”. Nous n’avons pas besoin de ses discours de confort empêchant toute introspection et qui ne créent que frustrations et sentiments revanchards. Et puisque M. Blanchard aime à citer les années trente, qu’il nous permette de lui rappeler que durant cette période, c’est dans les pages de l’Humanité et de la revue Clarté que sévissait la plume du communiste George Montandon, scientifique dont les études étaient essentiellement portées sur le classement des races. Antisémite acharné et ultra de la collaboration, il rejoint quelques années plus tard le PPF de l’ex-camarade Jacques Doriot dont il assure la présidence de la Commission ethnique. Plus tard en 1941, il organise à Paris l’exposition “Le Juif et la France” et à partir de 1943, dirige l’ Institut d’études des questions juives. Le danger des années trente n’est pas nécessairement là où on veut le faire croire.