Macron le destructeur

L’écologie devait faire partie des grands chantiers du quinquennat. Dans son dépassement de la droite et de la gauche, Macron prenait en compte l’urgence environnementale et souhaitait la dépolitiser, l’aborder de manière pragmatique et changer réellement les choses. Enfin, ça c’est ce qu’il disait. C’est fou, ce que Macron aura dit comme choses et aura fait le contraire depuis quatre ans en matière d’écologie, mais aussi de démocratie sociale, de sauvegarde de l’Etat providence, de lois sociétales enlisées sur le cannabis et la PMA… Des lois qui devaient au moins donner le change à son électorat bourgeois progressiste et montrer qu’il était moderne, tellement moderne !

L’écologie alibi

Pour l’écologie, il vient d’annoncer qu’il n’y aurait pas de referendum, et que ce n’est même pas à cause de lui, mais à cause de la droite du Sénat. Principe numéro un de Macron et des siens : ils font toujours tout bien et si ça ne marche pas, ce n’est jamais de leur faute. Demandez à Blanquer, victime des services secrets russes dès qu’il met en place des cours en distanciel. L’écologie, pourtant, ça aurait dû rimer avec macronie mais en fait, ça s’est arrêté très vite, bien avant la manière désinvolte avec laquelle Macron a créé une convention citoyenne avec tambours et trompettes pour ne rien reprendre de ses propositions. Souvenez-vous, par exemple, de Nicolas Hulot, chargé de la question, ministre d’Etat, ce qui en faisait, au moins dans l’ordre protocolaire, le numéro deux du gouvernement. Pas de chance, Hulot a démissionné. Il arrive parfois, et c’est très humain, que vous n’arriviez plus à mentir, même en politique, et que vous vous aperceviez qu’on se sert de vous comme d’un alibi.

En revanche, c’est fou aussi ce que Macron aura fait ce qu’il avait dit qu’il ne ferait pas. Pour aller vite, faire du Marine Le Pen sans Marine Le Pen.

Primo, reprise à son compte de la croisade contre l’islamogauchisme, concept bien flou, fourre-tout, qui semble répondre symétriquement à celui d’islamophobie. Séparer la France en deux camps entre islamogauchistes et islamophobes, c’est tout de même plus simple que de se poser le problème des inégalités sociales qui s’aggravent chaque jour avec la pandémie ou d’essayer d’anticiper les catastrophes climatiques à venir et dont les dégâts feront de la période Covid le souvenir d’une époque heureuse.
Instrumentalisation de l’insécurité

Secundo, instrumentalisation de l’insécurité, comme à chaque approche de présidentielle. Ce n’est pas une nouveauté, à vrai dire. Ça a commencé avec l’élection présidentielle de 2001. L’insécurité, un an avant, on ne parle plus que de ça et on ne parlera plus que de ça. Dehors, la question sociale ! Oubliée la réforme de l’assurance chômage qui vient d’être votée et se montre particulièrement dure pour les Français privés d’emploi ! L’insécurité est un problème réel, dramatique parfois mais pour lequel aucune solution sérieuse n’est proposée. On se livre simplement à une énumération lancinante et anxiogène de toutes les violences qui ont lieu. Mais en 2001, c’était la droite et l’extrême droite qui jouaient à ce petit jeu cynique, pas un président qui s’est voulu, lors de son élection, un libéral pragmatique avec une approche centriste.

Destruction de la droite classique

Tertio, la destruction de la droite classique à travers diverses manœuvres orchestrées au plus haut niveau pour réduire LR à la portion congrue en attirant ses modérés du côté de la macronie et en poussant ses électeurs les plus inquiets du côté du Rassemblement National. La dernière manip, c’est lancer Dupont-Moretti dans les régionales en Haut-de-France. Xavier Bertrand, président de la région et candidat déclaré à la présidentielle, seule personnalité qui voudrait garder le cap, qui représente un danger pour Macron, voit bien les deux mâchoires du piège se refermer : « Emmanuel Macron est un calculateur froid, un destructeur» a-t-il déclaré au Figaro.

Il ne faudrait surtout pas que quelque chose ou quelqu’un vienne empêcher le face à face entre le président sortant et Marine Le Pen. Macron aime bien les paris. Il a en déjà pris un fin janvier en refusant le reconfinement, ce qui fait de nous malgré une apparence de décrue, les plus mauvais élèves de la classe Europe. Vaincre Marine Le Pen est aussi un pari. Bien plus dangereux qu’en 2017. Et chacun sent, cette fois-ci, qu’il pourrait aussi bien le gagner que le perdre, c’est-à-dire connaître une victoire à la Pyrrhus ou une défaite honteuse qui le renverra travailler dans la banque d’affaires d’où on l’avait sorti.

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