Après avoir séparé les Français marseillais en communautés dans son discours du 1er avril 2017 (“Je vois les Arméniens, les Comoriens, les Italiens, les Algériens, les Marocains, les Tunisiens, je vois les Maliens, les Sénégalais…”), après avoir dragué le vote communautaire musulman en s’affichant avec l’humoriste controversé Yassine Belattar, voilà que notre grand manitou s’inquiète de la “racialisation” de la société en répondant à une question du magazine Elle évoquant la réalisatrice “afro-féministe” Amandine Gay. L’analyse de Philippe Bilger.
Quelques lueurs.
Le président de la République ne souhaite pas que la voix des victimes étouffe la présomption d’innocence. Il a raison.
Il considère que l’avortement est “une souffrance”. Il a encore raison.
Il n’est pas favorable à l’uniforme, à la tenue d’école mais déclare que les tenues doivent être décentes et adaptées. C’est du bon sens. Il a toujours raison et Jean-Luc Mélenchon est ridicule en le traitant d’ayatollah.
Mais tant d’ombres.
Ce même président, en effet, déplore que la France se “racialise” [1] et, il y a quelque temps, avait dénoncé la montée des violences tout en récusant le terme d’ensauvagement.
Les thèses racialistes ont le champ libre sous Macron
Emmanuel Macron pourfend des maux et incrimine des dérives dont il est au moins le créateur partiel. Ce n’est pas par hasard que le “racialisme”, l’irruption des communautarismes s’en sont donnés à cœur joie sous son quinquennat puisqu’il a laissé le champ libre à des antiracistes compulsifs dont la France n’était pas le souci mais leur communauté. Ce n’est pas non plus fortuitement que crimes et délits ont augmenté durant ces quatre années et qu’on n’a jamais eu un spectacle national aussi désordonné, chaotique, indifférent à l’ordre et à la loi.
Il est responsable de l’état de la France et son échec sera plus de n’avoir jamais réussi à la rassembler que de n’avoir pas assez réformé.
La France est malade
Il y a chez notre président un “en même temps” qui ne donne aucune boussole opératoire mais une mobilité qui le conduit de la lucidité vers le pire, du courage intellectuel vers l’illusion, de l’aveu vers le contentement de soi.
Il fait souvent les bons diagnostics mais il feint d’oublier qu’il a une large part dans la dégradation de la réalité sur laquelle il se penche, comme s’il n’y était pour rien.
Il se veut le médecin mais il est aussi la maladie.
Il nous donne le tournis. C’est sa chance mais notre infortune. On ne peut pas totalement négliger les lueurs malgré les nombreuses ombres qui accablent.
[1] “Je vois la société se racialiser progressivement. On s’était affranchis de cette approche et voilà que l’on réessentialise les gens par la race, et ce faisant on les assigne totalement à résidence. On ne naît pas citoyen ou citoyenne, on le devient. Cette question est au cœur du débat démocratique. Or, la logique intersectionnelle fracture tout.” (Elle, 2 juillet 2021)