Les futurs rois africains du pétrole… et du gaz

La transition énergétique fera inévitablement des gagnants et des perdants. Et si les hydrocarbures n’ont plus vraiment bonne presse, la découverte de nouvelles réserves continue d’être vécue comme un signe d’espoir pour des pays en quête d’émergence. Décryptage en infographies.

Avec la « méga découverte » pétrolière au large du littoral ivoirien annoncée début septembre – entre 1,5 et 2 milliards de barils de brut – Abidjan a multiplié par 20 ses réserves du précieux or noir. Saluée comme un succès par le chef de l’État Alassane Ouattara, tant elle porte en germe la promesse de nouvelles perspectives économiques pour le pays, cette découverte s’inscrit dans un mouvement de fonds : la redistribution des cartes en cours dans le secteur pétrolier et gazier en Afrique.

Au Sénégal, c’est le gaz qui porte tous les espoirs. Le projet Grand-Tortue, dans le nord du pays, doit permettre au pays d’entrer dans la cour des grands à l’horizon 2024. Au point que les autorités sont en discussion très actives en vue d’intégrer le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), l’ « Opep du gaz ».

La conjoncture est favorable. Le prix élevé du baril de pétrole – actuellement au-dessus de 83 dollars, son plus haut niveau depuis 2018 – constitue une bouffée d’oxygène pour les économies des pays africains producteurs, mais fragile compte tenu de la volatilité des cours. Dans le secteur du gaz, également, les indicateurs sont au vert : le cours du gaz naturel a bondi en Asie de 132,2 % entre février et août, et la flambée semble loin de vouloir s’arrêter.

Dans ce contexte, aux côtés des pays dits « matures » dans l’industrie extractive – tels l’Algérie, le Nigeria, et l’Angola –, le plus souvent pétroliers, les industriels du secteur se tournent vers de nouveaux eldorados, généralement gaziers  : le Sénégal et le Mozambique, notamment.

Faut-il réellement y voir une aubaine pour les économies de ces nouveaux (futurs) rois du pétrole et du gaz ? Certes, les géants du secteur – les deux leaders continentaux Total et Eni en tête – continuent à investir dans de nouveaux projets extractifs. Mais ils se font désormais extrêmement sélectifs en matière de rentabilité. En outre, alors que la transition énergétique est en cours à l’échelle mondiale, les multinationales affichent désormais d’ambitieux objectifs en matière de neutralité carbone. Et revoient leur stratégie : l’heure est à la stabilisation de la production, plutôt qu’à son développement.

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