Dix ans après sa mort, les théories du complot fleurissent sur l’ancien Guide libyen. Retour sur les derniers jours de celui qui s’était autoproclamé « roi des rois d’Afrique ».
« Kheyr, kheyr. Chnou fi ? » Lorsque des miliciens le tirent d’un tunnel d’évacuation des eaux, quelque part à l’ouest de Syrte, c’est la seule phrase qui vient à Mouammar Kadhafi. « Ca va, ça va, qu’est-ce qu’il y a ? » Comme si un importun voisin était venu frapper à la porte en pleine sieste. Mais il est 11h passés en ce jeudi 20 octobre 2011, et celui qui a dirigé la Libye pendant plus de 40 ans n’a plus que quelques instants à vivre.
Depuis août et sa fuite de Tripoli, tombée entre les mains des rebelles quelques mois après le début de l’intervention de l’Otan, le Guide erre à Syrte, de quartier en quartier, d’appartement en appartement. Il est accompagné d’un dernier noyau de fidèles, dont son cousin Mansour Dou, commandant de la garde populaire, Abou Bakr Younès Jaber, son ministre de la Défense ou encore Ezzedin al-Hanshiri, le chef de sa garde personnelle.
Son fils Motassem se trouve sur le front, d’où il revient régulièrement pour le voir. Syrte, c’est le bastion familial, le fief des Qadhadhfa, la tribu dont sont issus les Kadhafi. C’est là que le Guide a choisi de se mettre à l’abri des rebelles et des bombardements des avions de l’Otan. Contre l’avis de son beau-frère Abdallah Senussi, chef des services de renseignements militaires, qui l’incite plutôt à quitter le pays.