Une nouvelle coalition très pro-européenne s’installe à Berlin alors que la France va prendre la présidence de l’Union européenne
C’est une fenêtre de tir. Quelques heures après l’installation au pouvoir d’Olaf Scholz à Berlin, Emmanuel Macron présente sa vision de la présidence française de l’UE, ce jeudi au cours d’une conférence de presse, puis le chancelier allemand viendra, vendredi, à Paris pour sa première visite à l’étranger.
Le président français n’a jamais caché son ambition européenne. On se souvient même de sa déception devant le manque de réactions de la partie allemande, à la suite de son discours de la Sorbonne en 2017. Il affichait alors de fortes ambitions « pour une Europe souveraine, unie et démocratique ». Quatre ans plus tard, il serait fâcheux que le même scénario se reproduise, mais à l’envers, avec une réponse française qui ne serait pas à la hauteur des propositions allemandes.
Car le contrat conclu par la coalition allemande place la barre très haut. Il plaide ainsi pour « une évolution de l’UE vers un Etat fédéral », un mot tabou sur la scène française. Cela passerait par « une convention constituante » et une « révision des traités ». Est-ce réaliste ? Il y a évidemment lieu d’en débattre, comme du « renforcement du rôle du Parlement européen », de « l’extension du vote à la majorité qualifiée », de « l’obligation du système de Spitzencandidat » pour donner au Parlement le pouvoir de désigner le président de la Commission ou de « la priorité à la méthode communautaire » sur la pratique intergouvernementale.
Il n’est pas certain que ces idées audacieuses déclenchent l’enthousiasme à Paris où l’on aime d’autant plus l’UE qu’elle se colore en bleu-blanc-rouge. Car, leur mise en pratique confirmerait sans doute le leadership de Berlin, désormais endossé par la coalition qui assure qu’« en tant que plus grand Etat membre, nous assumerons notre responsabilité particulière dans un esprit de service de l’UE ». La balle est désormais dans le camp de l’Elysée.