L’Union européenne a annoncé, mercredi 15 décembre, suspendre sa mission de formation de l’armée nationale en raison « du contrôle exercé par les mercenaires de la société Wagner sur les Forces armées centrafricaines » (FACA). La décision été prise il y a deux semaines, en prélude aux sanctions ciblant l’organisation et plusieurs de ses membres, dont le conseiller du président centrafricain, Valery Sakharov, pour des exactions commises à travers le monde. La mission de formation de l’UE avait été lancée en 2016 après le départ de l’opération militaire française Sangaris.
« Les mercenaires de la société Wagner commettent régulièrement des exactions contre la population civile. Il fallait donc s’assurer qu’ils n’emploient pas les soldats centrafricains que nous avons formés », indique le général Langlade de Montgros, commandant de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM) en Centrafrique.
Un récent rapport européen dénonce en effet la prise de contrôle par le groupe Wagner d’un bataillon de l’armée centrafricaine, préalablement entraîné par l’EUTM. Pour une éventuelle reprise, Bruxelles pose trois conditions. D’abord, la garantie que les unités ne passent pas sous contrôle Wagner. Ensuite, un meilleur encadrement du recrutement. Et enfin, des garanties que les unités formées seront intégrées de manièrecohérente dans l’armée nationale.
70 instructeurs ont déjà quitté le camp de Bouar pour regagner leurs pays respectifs. Restent environ 160 hommes dédiés au conseil stratégique. Un domaine dans lequel officie également la Russie.
Serge Djorie, porte-parole du gouvernement centrafricain, a réagi au micro de RFI : « Il n’y a pas de groupe Wagner en Centrafrique puisque le gouvernement centrafricain n’a jamais signé de contrat en bonne et due forme avec un groupe. Et le terme ”Wagner” vient d’Europe ; nous n’avons jamais connu cela. Cette décision est unilatérale puisque les autorités centrafricaines n’y sont pas associées. Ceci étant, nous respectons la décision prise par l’Union européenne. »
Sur le papier, la suspension est temporaire. Mais les conditions posées par l’UE semble difficilement atteignables avant au moins plusieurs mois. « Aujourd’hui, le peuple centrafricain aspire à la paix, avec le concours de tout le monde. Nous voulons dire que lorsqu’on veut apporter de l’aide à quelqu’un, il faut l’apporter de façon certaine », reprend Serge Djorie.