Ambassadeur expulsé du Mali: que faire de cette «humiliation»?

D’une guerre perdue, il n’existe malheureusement pas de « sortie honorable ». Comme Eric Vuillard dans un livre récent sur l’Indochine, le Mali en fournit une nouvelle démonstration. Paris a donc « pris note » del’expulsion de l’ambassadeur de France par les autorités maliennes, se donnant le temps de consulter alliés et partenaires avant toute décision sur son engagement militaire. On verra dans une quinzaine de jours.

Pour l’heure, une chose est certaine : dans l’opinion, cette affaire est vécue comme une humiliation pour la France, un signe de son déclassement international. Si même Bamako se permet cela avec nous, alors que nous n’avons ménagé ni le sang de nos soldats (58 morts), ni notre argent (presque 8 milliards), c’est que nous ne pesons plus guère… Voilà ce que, plus ou moins confusément, nombre de Français ressentent. Surtout que cette affaire intervient après la claque infligée par l’Australie avec les sous-marins. A dix semaines du premier tour de la présidentielle, ce sentiment d’humiliation ne sera sans doute pas sans conséquences politiques, tant ces événements travaillent les consciences en profondeur, touchant à l’idée même que les Français se font de leur pays.

Face à une telle situation, deux attitudes sont possibles. La première : se draper dans la réaction cocardière de la grandeur outragée en dénonçant l’indignité de la junte malienne ou la main de Moscou. C’est facile et gratifiant. Ce sera donc la plus partagée. La seconde est plus désagréable, mais pas forcément moins féconde. Au prix de la remise en cause de nos propres mythes, elle consiste à reconnaître lucidement les limites de notre puissance et à en tirer les conséquences pratiques, en tentant d’inventer une nouvelle politique étrangère. Nous n’en sommes visiblement pas encore là.

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