Second tour des législatives 2022: les fautes d’Emmanuel Macron

Les Français ont sanctionné dimanche le chef de l’Etat, qui perd sa majorité absolue à l’Assemblée et devra composer avec nombre de députés Nupes et un important groupe d’extrême droite. Une claque due aussi à son rapport très vertical au pouvoir.

La gifle. Les Français, en tout cas ceux qui se sont déplacés pour aller voter lors de ce second tour des législatives marqué par une abstention massive, ont décidé de priver le chef de l’Etat de la majorité absolue. Un revers cinglant pour Emmanuel Macron, qui se retrouve non seulement avec une forte opposition de gauche, scénario attendu, mais avec un Rassemblement national, et c’est une très mauvaise nouvelle, bien plus haut que prévu. Cette extrême droite dont Emmanuel Macron prétendait être il y a cinq ans le meilleur antidote. Le Président échappe certes à la cohabitation horribilis que Jean-Luc Mélenchon lui promettait, mais pas à la situation très inconfortable de ne pouvoir s’appuyer que sur une majorité bien plus relative que prévu. Le chef de l’Etat méditera longtemps les fautes qu’il a commises lors de cette double campagne présidentielle et législatives. Et notamment sa stratégie de l’esquive que les Français n’ont manifestement pas appréciée. Et donc sanctionnée.

Mais les raisons de la claque reçue dimanche par l’exécutif remontent à bien avant le début de cette séquence électorale. C’est l’essence même du macronisme et la prétention d’aspirer la droite et la gauche qui se retrouve à terre : la nature politique ayant horreur du vide, cette stratégie aura finalement contribué à nourrir des oppositions radicales ou extrêmes sans proposer en face une offre politique capable d’être majoritaire. Le quinquennat qui s’ouvre ressemble à une terra incognita pour Emmanuel Macron. Qui forcera celui-ci à composer, discuter, négocier. Et c’est peu de dire que le président de la République n’a pas excellé dans cet exercice depuis cinq ans, que ce soit avec les élus ou avec les corps intermédiaires. Une faute sanctionnée aussi lors de ce scrutin législatif. Le chef de l’Etat n’a désormais pas le choix. Y est-il prêt ? Il y a derrière cette question une dimension personnelle : Emmanuel Macron a jusqu’ici gouverné de manière très verticale, accentuant les penchants présidentiels de nos institutions. Mais, au-delà de ce trait de caractère, se cache une faute politique : Emmanuel Macron a depuis cinq ans négligé sa propre formation. Symbole de cette faiblesse : les défaites de Richard Ferrand et Christophe Castaner. Ce mépris pour son propre parti sera un handicap majeur dans la situation de majorité relative dans laquelle il se retrouve.

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