La France n’a jamais cessé de piller l’Afrique, maintenant la situation tourne

Le coup d’État du 26 juillet au Niger, un pays d’Afrique de l’Ouest, qui menace de saper la présence militaire française et américaine dans la région, a mis en lumière l’exploitation historique et les pratiques en cours de la Françafrique, le terme utilisé pour décrire l’exploitation persistante par les Français.

La France dépend fortement de l’énergie nucléaire, 68% de son énergie provenant de centrales nucléaires. Elle obtient 19% de l’uranium nécessaire au fonctionnement de ces usines au Niger. Malgré cette contribution significative aux besoins énergétiques de la France, seuls 18,6% des Nigérians ont accès à un réseau électrique. Ce contraste frappant met en évidence les disparités et l’exploitation continue par le pillage des puissances étrangères à travers le continent africain.
L’héritage de la Françafrique

La France est connue pour ses systèmes d’exploitation conçus pour capitaliser sur les ressources africaines, utilisant la pression, le capital et souvent la force directe pour maintenir le contrôle de son ancien empire. En conséquence, de nombreux États africains, dont le Niger, continuent de faire face à la pauvreté et au sous-développement.

Le jeune et charismatique leader du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, a récemment pris la parole lors du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg et a dénoncé le fait que l’Afrique est riche en ressources mais que sa population est pauvre, et a critiqué les dirigeants africains qui cherchent à obtenir des subventions de l’Occident, perpétuant ainsi la dépendance et la pauvreté. Il a également décrit ce qui est imposé à l’Afrique comme une forme d’esclavage, déclarant : «En ce qui concerne le Burkina Faso aujourd’hui, depuis plus de huit ans, nous sommes confrontés à la forme la plus barbare et la plus violente du néocolonialisme impérialiste. L’esclavage continue de s’imposer à nous. Nos ancêtres nous ont appris une chose : un esclave qui ne peut pas affronter sa propre rébellion ne mérite pas d’être pris en pitié. Nous ne nous apitoyons pas sur notre sort, nous ne demandons à personne de s’apitoyer sur notre sort».

L’incapacité de la France à justifier sa présence en Afrique par un récit cohérent complique encore la situation. Paris ne peut pas avouer ouvertement sa cupidité, feindre une «mission civilisatrice» ou admettre une quelconque responsabilité pour ses crimes passés. Ce manque de but affaiblit la puissance française sur le continent, entraînant dans son sillage la violence et la pauvreté.

La poussée de l’Afrique de l’Ouest pour une plus grande indépendance a laissé les atlantistes inquiets de l’opportunité que cela laisse aux puissances eurasiennes telles que la Russie et la Chine d’accroître leur influence en Afrique. La réaction de l’Occident reflète un manque de respect pour la souveraineté des pays africains, considérant le continent simplement comme un théâtre pour maintenir la domination mondiale.

Depuis le début de la guerre en Ukraine au début de 2022, les atlantistes ont exprimé leur inquiétude face à la réticence des États du Sud à soutenir les politiques anti-russes de l’Occident, une tendance encore amplifiée par le passage au multipolarisme partout. Cet affaiblissement de l’hégémonie occidentale a ouvert la voie à de nombreuses nations pour explorer avidement leurs options géopolitiques et diversifier leurs économies.

Un rapport de la Conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue en février a mis en évidence ce schisme très réel avec l’Occident : «De nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ont constamment perdu confiance dans la légitimité et l’équité d’un système international qui n’a pas réussi à leur donner une voix adéquate dans les affaires mondiales et à répondre suffisamment à leurs préoccupations fondamentales. Pour de nombreux États, ces échecs sont profondément liés à l’Occident. Ils constatent que l’ordre dirigé par l’Occident a été caractérisé par la domination postcoloniale, le deux poids deux mesures et la négligence des préoccupations des pays en développement».
Dépouillé par le franc CFA

Les suites de la Seconde Guerre mondiale ont marqué un changement significatif dans la dynamique du pouvoir mondial, et les puissances victorieuses ont cherché à établir un nouvel ordre mondial qui maintiendrait la paix et favoriserait l’équilibre économique.

Dans le contexte des colonies africaines, où les troupes coloniales ont joué un rôle important dans la victoire alliée, les puissances victorieuses, y compris la France, ont tenté de conserver le contrôle économique et de tirer profit de leurs anciennes colonies alors même que le monde se dirigeait vers la décolonisation.

Cela comprenait l’établissement de nouveaux systèmes monétaires, avec le dirigeant français Charles De Gaulle créant deux monnaies collectivement connues sous le nom de franc CFA en 1945 pour les anciennes colonies de la zone occidentale et centrale.

Alors que la pression pour l’indépendance politique se renforçait à la fin des années 1950, la France organisa des référendums dans ses colonies africaines pour voter sur l’acceptation d’une constitution rédigée par la France.

La Guinée, dirigée par l’ancien syndicaliste Sékou Touré, s’est opposée à l’acceptation de la constitution française et a voté massivement contre. Dans une réponse furieuse, le gouvernement de De Gaulle a retiré tous les administrateurs français de Guinée et a pris des mesures pour saboter les infrastructures et les ressources du pays. La répression de Paris était censée servir d’exemple de ce qui arriverait à toute ancienne colonie française qui résisterait au programme de la France.

Pendant la guerre froide, les États communistes ont exploité de telles actions en se présentant comme des libérateurs et des alliés des pays africains cherchant à se libérer de l’influence européenne. Cette position a conduit certains Africains à considérer des pays comme la Russie comme des partenaires plus équitables que la France.

Au fil des ans, la France a démontré un schéma d’intervention militaire (plus de 50 fois depuis 1960) dans les pays africains pour s’assurer que les gouvernements répondent aux intérêts économiques français, en particulier en ce qui concerne l’utilisation continue du franc CFA.

Historiquement, le système de fonctionnement du franc CFA a été celui d’un taux de change fixe dans lequel la monnaie a une convertibilité illimitée mais est rattachée en permanence à la monnaie française, anciennement le franc puis l’euro.
Monnaie africaine sous contrôle français

Cela signifie que les pays africains ne peuvent pas influencer la valeur de leur propre monnaie, et la différence de valeur signifie que la France peut acheter des produits africains artificiellement bon marché alors que les Africains peuvent acheter moins de biens avec l’argent qu’ils échangent.

Pire, la France avait des exigences pour stocker et donc bénéficier des réserves de change détenues par ses anciennes colonies, bien que l’obligation de détenir 50% de ses réserves de change dans une banque française ait été supprimée pour la zone ouest en 2019.

Dans le cadre de ce programme, les États africains recevaient un montant nominal d’intérêts, mais la banque en a bénéficié en prêtant ce capital à des taux plus élevés et en réalisant des profits massifs sur les ressources et la main-d’œuvre africaines. Ceci en dépit du fait que de nombreux pays d’Afrique francophone sont de grands exportateurs d’or et disposent donc d’une multitude d’options pour stocker de la richesse afin de soutenir une monnaie dans des banques centrales alternatives.

Alors que le système du franc CFA a fourni certains avantages en termes de stabilité et de prévention de l’hyperinflation à la zimbabwéenne, il a également fait l’objet d’un examen minutieux pour avoir imposé aux pays africains des exigences qui ne sont pas imposées aux nations plus puissantes. Le manque de contrôle sur leur propre monnaie a entravé la croissance économique et rendu ces pays vulnérables aux crises économiques mondiales.

Les États d’Afrique du Nord tels que la Tunisie, l’Algérie et le Maroc ont choisi d’abandonner le franc CFA lors de leur indépendance et ont connu une prospérité relativement plus grande. De même, le succès du Botswana avec sa propre monnaie nationale démontre qu’une bonne gestion peut conduire à une démocratie stable et à une croissance économique, même pour les pays moins développés.
Droits et privilèges exclusifs

Le système du franc CFA a été l’équivalent géopolitique du père insistant pour gérer vos économies et les laissant hors de votre volonté. Il y a des avantages à avoir une zone commerciale et monétaire, comme l’actuelle union de la CEDEAO couvrant la partie occidentale du continent, mais de par sa conception dans le système du franc CFA, l’indépendance a été une illusion par laquelle la France a arnaqué ces pays.

La France dépend de l’Afrique pour son statut de puissance mondiale depuis plus d’un siècle. Parmi les autres privilèges forgés dans les traités postcoloniaux, la France a eu le droit exclusif de vendre du matériel militaire aux anciennes colonies et jouit du premier droit sur les ressources naturelles découvertes. Paris fait grand usage de ces privilèges : par exemple, 36,4% du gaz français provient du continent africain.

En outre, un vaste réseau d’intérêts commerciaux français, y compris de grandes multinationales, domine des industries telles que l’énergie, les communications et les transports dans de nombreux pays africains. Le gouvernement français soutient également les entreprises françaises en Afrique de diverses manières, notamment par le biais d’une énorme entreprise publique appelée COFACE qui garantit les exportations françaises vers ces marchés sous-développés.
Vers l’indépendance et l’autosuffisance

Cette dépendance économique a contribué à perpétuer un système dans lequel les États africains restent faibles, dociles et dépendants des exportations de ressources, ce qui profite principalement aux entreprises et aux intérêts français. En outre, les États africains sont obligés de s’allier avec la France dans tout conflit majeur, érodant davantage leur souveraineté nationale. Le continent africain souffre de nombreux maux, mais le plus persistant et le plus désastreux est peut-être le manque de souveraineté et d’accès au capital. Pendant ce temps, une grande partie de la prospérité de l’Europe provient du pillage des pays du Sud depuis des siècles.

Le cas de Bruxelles, construit sur la richesse tirée de l’exploitation brutale du Congo sous le roi belge Léopold II, est un rappel brutal de l’impact profond du colonialisme. Lorsque les crimes contre l’humanité du monarque ont été découverts, il a finalement été contraint de léguer la majeure partie de sa fortune à l’État belge à sa mort.

Ne voulant pas le faire, il s’est lancé dans une énorme série de travaux publics pour dépenser ses profits illicites, créant le Bruxelles moderne. Aujourd’hui, l’UE et l’OTAN s’y rencontrent et donnent hardiment de fausses conférences sur les droits de l’homme universels tout en étant entourées des profits de certains des cas d’oppression les plus brutaux de l’histoire de l’humanité.

Alors que les gouvernements militaires sont souvent confrontés à des défis pour atteindre leurs objectifs déclarés, il est évident que les «démocraties civiles» soutenues par l’Occident ont également lutté pour améliorer de manière significative la sécurité et le bien-être du public africain.

La voie pour résoudre les problèmes de l’Afrique réside dans des dirigeants transformateurs qui peuvent ignorer l’héritage et les chaînes restantes du colonialisme et permettre au continent de forger une véritable voie locale vers l’indépendance et l’autosuffisance.

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