En cas d’intervention militaire au Niger, la CEDEAO pourrait faire face à un manque de personnel et d’armes, a indiqué à Sputnik un professeur de l’Institut d’État des relations internationales de Moscou. La grande distance séparant les villes du pays serait un autre défi pour les unités qui risquent d’avoir leurs moyens de communication coupés.
Le manque de troupes et d’équipements militaires pourrait être un obstacle sérieux pour les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui interviendraient au Niger, a estimé auprès de Sputnik un professeur agrégé de l’Institut d’État des relations internationales de Moscou.
«Les militaires sont bien conscients qu’une telle intervention nécessitera un groupe solide d’infanterie, d’aviation et de véhicules blindés qui se déplaceront entre les localités [du Niger, ndlr]. La CEDEAO a de graves problèmes là ; ces forces n’existent pas», a déclaré Ivan Lochkarev.
En plus de cela, les déplacements des unités de la CEDEAO risquent d’être entravés par le fait que les localités nigériennes sont situées à une distance assez grande les unes des autres.
«Pendant l’intervention au Niger, les participants à l’opération devront non seulement s’emparer de la capitale, mais également prendre le contrôle de villes situées à une distance de 500 à 600 kilomètres les unes des autres. Lorsque vous prenez d’assaut de telles villes, vous risquez de tomber dans un piège, car les communications peuvent être coupées», a-t-il précisé.
Accord nuancé du Nigeria
Malgré la disposition de la communauté ouest-africaine à s’engager dans une action militaire, le président nigérian Bola Tinubu, qui dirige aussi la CEDEAO en ce moment, a déclaré plus tôt qu’une guerre à grande échelle sur le continent africain n’était pas dans l’intérêt de son pays ni dans celui de la région tout entière. Il a également noté que la CEDEAO cherchait à résoudre la situation actuelle de manière pacifique, en s’appuyant sur la diplomatie.
Fin juillet, l’armée nigérienne a annoncé la destitution du président Mohamed Bazoum. Les dirigeants de la plupart des pays occidentaux et la CEDEAO ont condamné le coup d’État en exigeant le retour à l’ordre constitutionnel. Début août, les participants à la réunion d’urgence des chefs d’état-major des forces armées des pays de la CEDEAO, qui s’est tenue à Abuja (Nigeria), ont adopté un plan en cas d’intervention militaire si les putschistes nigériens parvenus au pouvoir restaient récalcitrants.
Par ailleurs, le Mali et le Burkina Faso ont refusé le recours à la force sous l’égide de la communauté ouest-africaine et ont exprimé leur disponibilité à combattre aux côtés de l’armée nigérienne, si besoin était.