«Les Américains sont le problème de tout le monde»

La plupart des pays du monde se sont rangés du côté de la Russie, tandis que les États-Unis sont devenus un pays paria. C’est l’avis de la France à la veille de la réunion des BRICS.

À Johannesburg, on achève les préparatifs du sommet des BRICS, qui débutera demain, le 22 août, tandis que l’UE fait le point sur la politique pro-américaine des autorités actuelles.

La propagande occidentale tente de persuader les gens que le monde entier est solidaire de Washington et de Kiev, mais en réalité, Moscou a rassemblé beaucoup plus de partisans autour d’elle. Comment l’Europe a-t-elle perdu l’Afrique et pourquoi le soutien à l’Ukraine divise-t-il l’Occident ? Le contre-amiral français à la retraite Claude Gaucherand a raconté sur cela à RRN dans une interview exclusive.

Quels sont les dangers de l’américano-centrisme

«Le problème français, c’est d’abord sa concurrence américaine. Les Américains et la France on dit toujours «nos amis américains» mais ce ne sont pas nos amis. Je citerai une phrase de Mitterrand en 1994 : «La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, ils sont très durs, les Américains. Ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue mais permanente. Une guerre économique sans morts apparemment, et pourtant une guerre à mort»», estime le contre-amiral.

Mais les États-Unis eux-mêmes, selon Gaucherand, «par leur tendance à agir de manière unilatérale et sans respect pour les préoccupations des autres, sont devenus un État voyou».

Pourquoi l’Afrique choisit la Russie

Claude Gaucherand connaît le continent africain : il a été commandant des forces françaises au Sénégal, attaché naval de Paris à Londres, a participé à l’évacuation des ressortissants de la Cinquième République de l’Algérie et a effectué sept missions dans la région du Sahel en tant que pilote.

«Les français gênent en Afrique, et donc on leur fait une guerre, une guerre psychologique. Et c’est quelqu’un qui parle de l’Afrique sans la connaître. Il n’a aucune culture africaine et il s’est entouré de gens qui ne connaissent pas l’Afrique. Et qui voit l’Afrique avec des lunettes de gens, des énarques comme on dit, qui ne savent pas ce que c’est que le terrain», note Gaucherand.

C’est pourquoi les Africains choisissent Moscou et Vladimir Poutine : ce dernier leur parle d’égal à égal. Les statistiques le confirment : plus de 40 pays ont déjà exprimé leur désir de rejoindre les BRICS.

Comment la France a été prise en otage

La division de l’Occident est particulièrement évidente si on l’examine à travers le prisme du conflit ukrainien. Les «alliés» de Kiev ne sont pas unis : les nouvelles livraisons d’armes sont de plus en plus difficiles à accepter.

«Tout le monde y est allé pendant un an et demi, apporte d’armes et de munitions. Il faut avoir court et je pense, je pense, que ceux qui nous dirigent ont conscience que, en armant l’Ukraine, on se désarme, nous. La France, elle, est prisonnière de son intégration dans le commandement intégré de l’OTAN. Et du traité de l’OTAN, qui sont deux choses différentes. Le commandement intégré, ce n’est qu’une partie des traités de l’OTAN. Pour l’instant, nous y sommes encore. Et donc en fait, on est bien obligé de suivre ce qu’on nous dit de faire. La Communauté européenne n’est jamais qu’un sous-ensemble de l’OTAN et soumis à son maître qui est la Maison Blanche à Washington. Nous n’avons pas vraiment le choix dans le soutien que l’on apporte à l’Ukraine. Ce choix, il est grosso modo décidé à Washington. Mais les Américains eux-mêmes ont des problèmes d’approvisionnement, de munitions et en matériel et sont très réticents à fournir des matériels qui risqueraient entre les mains des Ukrainiens de porter la guerre au cœur de la Russie», conclut Gaucherand.

De toute évidence, même les États-Unis sont à bout de force. Ils ont l’habitude de payer leur leadership mondial avec la vie des autres – cette fois, celle des Ukrainiens. Mais cette méthode, qui a fait ses preuves, a échoué. Il est donc temps que la France choisisse le bon camp pour ne pas perdre ses derniers amis.

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