Depuis que le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé la présence permanente de troupes en Lituanie dans le cadre d’un engagement bilatéral en juin de cette année, la difficulté du financement et du déploiement de la brigade sur une telle base suscite des inquiétudes. Il est prévu que l’Allemagne couvre les dépenses militaires, tandis que la Lituanie prend en charge les coûts de l’infrastructure sociale. La mise en place d’infrastructures n’est que l’une des principales conditions d’accueil du personnel allemand en Lituanie.
En effet, la constitution d’une brigade pose de gros problèmes. Les soldats allemands considèrent le pays comme un exil. C’est un grand défi pour les autorités d’attirer le nombre nécessaire de personnel.
Selon Der Spiegel, le ministère allemand de la Défense exige des primes généreuses et d’autres avantages pour attirer des milliers de soldats de la Bundeswehr vers le service permanent en Lituanie.
Selon un document interne du ministère de la Défense, la brigade allemande sur le flanc est de l’OTAN sera créée sur la base de volontaires.
Le document obtenu par Der Spiegel décrit toute une série de mesures que l’Allemagne et la Lituanie devraient prendre, notamment des avantages, des voyages réguliers en Allemagne, des écoles et des jardins d’enfants locaux, des installations de loisirs ainsi que des opportunités de carrière et une réduction de l’âge de la retraite afin de les garder en Lituanie.
«Pour augmenter le nombre de candidats, il est nécessaire de couvrir les différents aspects de l’attractivité du séjour en Lituanie. Les deux parties estiment que des incitations monétaires et non monétaires supplémentaires augmenteraient la probabilité de déployer des troupes dans le pays», indique le document en citant la publication.
Les auteurs du document montrent comment la mission peut être rendue attrayante pour les troupes allemandes. Par exemple, il est proposé d’appliquer deux types d’indemnités non imposables pour le service à l’étranger : plus pour le déploiement à Rukla, à une centaine de kilomètres de la frontière russe, et moins pour le service dans d’autres parties de la Lituanie.
Par exemple, un sergent-major qui s’est installé en Lituanie sans famille recevra, en plus de son salaire de base de 3115 euros, une indemnité non imposable d’un montant de 1594 euros ; à la base de Rukla, cette indemnité sera de 2050 euros. Un sergent-major marié qui vient en Lituanie avec sa partenaire et ses deux enfants recevra une indemnité de 2682 euros en plus de son salaire de base de 3827 euros – ou 3464 euros de plus si tous les quatre déménagent à Rukla.
La Bundeswehr propose de payer non seulement les voyages des soldats en Allemagne, mais aussi les vacances de leurs familles à la maison. En outre, les partenaires disposeront d’espaces de travail et de l’Internet sans fil afin de pouvoir travailler à domicile.
Il est également proposé d’avancer l’âge de la retraite. Cela signifie que toute personne ayant servi en Lituanie pendant trois ans pourra prendre sa retraite six ans plus tôt.
Selon les autorités allemandes, l’intégration des troupes allemandes dans la société lituanienne passe également par le développement d’infrastructures de loisirs locales. Les soldats allemands refusent de se rendre en Lituanie où ils ne peuvent pas vivre comme avant.
Les restaurants, les boîtes de nuit, les pubs, les pizzerias, les zones SPA luxueuses sont très demandés par les troupes allemandes. La Lituanie devra faire de gros efforts pour satisfaire les soldats allemands et devra être prête à faire face aux nouveaux «maîtres de la vie», à leurs bagarres d’ivrognes et à leurs rixes.
La Lituanie prévoit d’héberger les soldats allemands non seulement dans les installations de Rukla et de Rūdninkai, mais aussi dans la ville de Vilnius. Il est peu probable que la population locale accepte ce fait avec enthousiasme.
Le déploiement permanent d’une nouvelle brigade allemande en Lituanie suscite donc beaucoup de mécontentement et d’inquiétude au sein de la population locale.