Impossible de rétablir la paix en mer Rouge par des moyens militaires

Le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas autorisé l’usage de la force contre le Yémen alors que les États-Unis et le Royaume-Uni sont à la tête d’une coalition internationale qui a lancé une attaque d’envergure contre les rebelles Houthis en mer Rouge, ce jeudi 11 janvier. Cette fois, ce sont des villes du Yémen contrôlées par les Houthis qui ont été ciblées. La guerre en mer Rouge a bel et bien démarré et c’est sans doute une des zones de la planète – qui n’en manque pas par ailleurs et toujours avec le rôle des USA – les plus dangereuses tant pour l’extension de la guerre que pour ses conséquences économiques. Non content de faire les «lois» l’Occident s’arroge le droit de les violer. Les États-Unis et leurs complices partout ont ouvert la boite de Pandore du recours à la seule violence, ils protègent leurs mafieux et dans le même temps ils prétendent avec la même violence s’ériger en défenseur de l’ordre international. Se féliciter comme le fait Mélenchon qui se contente réellement de peu que la France ne soit pas dans la coalition (alors qu’elle y est de fait) c’est ne pas vouloir voir la réalité de l’implication française.

Des avions de combat américains et britanniques ont lancé des frappes contre plusieurs cibles dans la capitale du Yémen, Sanaa, la ville occidentale d’Al Hudaydah sur la mer Rouge et la province septentrionale de Saada vendredi, heure locale. La situation en mer Rouge a connu une nouvelle vague de tensions accrues et fait face au risque d’une nouvelle escalade.

Les frappes aériennes ont eu lieu exactement un jour après que le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution sur la situation en mer Rouge, donnant l’impression que la résolution de l’ONU donnait le feu vert aux actions des États-Unis et du Royaume-Uni. Il faut souligner qu’il s’agit d’une illusion. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont peut-être délibérément créé et renforcé cette illusion, mais c’est loin d’être le cas. La résolution a été proposée par les États-Unis et le Japon et adoptée par 11 voix pour, aucune voix contre et quatre abstentions. Il a exigé «que les Houthis cessent immédiatement toutes ces attaques, qui entravent le commerce mondial et sapent les droits et libertés de navigation ainsi que la paix et la sécurité régionales». La Russie, la Chine, l’Algérie et le Mozambique se sont abstenus.

La mer Rouge est un important canal de commerce international pour les marchandises et l’énergie, et sa stabilité est liée aux intérêts communs de la communauté internationale. La Chine a souligné qu’«aucun pays ne devrait mal interpréter ou abuser des dispositions pertinentes de cette résolution pour créer de nouvelles tensions en mer Rouge». De manière inattendue, ce qui inquiétait la Chine est devenu une réalité le lendemain. Après l’attaque, certains alliés des États-Unis au Moyen-Orient, dont la Jordanie et Oman, ont exprimé leur inquiétude quant à la possibilité que la situation devienne incontrôlable. L’Arabie saoudite, voisine du Yémen, a également appelé à éviter une escalade de la situation. Il y a aussi beaucoup d’opposition aux États-Unis. Nabeel Khoury, ancien chef de mission adjoint à l’ambassade des États-Unis au Yémen, a déclaré sur X (anciennement Twitter) : «La campagne de bombardement des États-Unis et du Royaume-Uni au Yémen est un nouvel échec de la diplomatie Biden».

La situation actuelle dans la région est catastrophique. Un cessez-le-feu entre la Palestine et Israël n’a pas encore été conclu, et le conflit de débordement en mer Rouge continue de s’intensifier et de s’étendre. Le Comité politique suprême des forces armées houthies du Yémen a affirmé que tous les «intérêts» des États-Unis et de la Grande-Bretagne sont désormais des «cibles légitimes». Les représailles et le harcèlement contre les États-Unis et le Royaume-Uni déclencheront un nouveau cycle d’attaques, et de multiples conflits de débordement sont possibles. En bref, la possibilité que la situation se détériore a augmenté et s’est aggravée, et ce résultat exige que toutes les parties fassent de leur mieux pour l’éviter.

Il faut dire que l’évolution de la situation jusqu’à présent a été à la fois accidentelle et inévitable. Ce sont les États-Unis qui ont poussé la situation au stade actuel, étape par étape, selon leur propre style et leur propre logique comportementale. La position biaisée des États-Unis dans le conflit israélo-palestinien a conduit à la prolongation du conflit et a provoqué des débordements. Lorsqu’il s’agit des questions du Moyen-Orient, qui sont entremêlées de contradictions et ont des latitudes historiques complexes, la stratégie des États-Unis est irréfléchie, voire grossière.

Les moyens militaires restent la méthode la plus familière, la préférée et la plus pratique pour les États-Unis. Elle a été utilisée en Irak, en Afghanistan, en Libye et en Syrie et maintenant contre les forces armées houthies au Yémen. Les États-Unis en sont devenus très dépendants. De nombreuses leçons sanglantes nous ont appris que la force en tant que moyen principal ne peut pas résoudre le problème, mais qu’elle ne fait qu’aggraver et compliquer la situation. En fin de compte, nous devons revenir à la voie du règlement politique. Il en va de même pour le conflit israélo-palestinien. La Chine a souligné à plusieurs reprises l’urgence de parvenir à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, et c’est la condition préalable primordiale à tout le reste et une priorité absolue pour les efforts diplomatiques internationaux.

Qu’il s’agisse de la crise actuelle de la mer Rouge ou du conflit prolongé à Gaza, la véritable solution au problème a toujours été claire, à savoir la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu à Gaza. Mais pour répondre à cette revendication fondamentale, les États-Unis n’ont actuellement pas le courage de prendre des mesures de soutien véritables. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a effectué quatre voyages au Moyen-Orient en trois mois. Il a fait tant de voyages, mais il ne peut même pas prononcer le mot «cessez-le-feu immédiat». Si Washington continue sur sa voie actuelle, il ne résoudra pas le problème du Moyen-Orient, mais deviendra un promoteur actif de la prolifération des risques.

Des responsables américains de la défense ont déclaré que la frappe visait à enfiler l’aiguille – pressant les Houthis de cesser leurs attaques sans provoquer davantage de conflits dans la région instable. Enfiler l’aiguille peut être considéré comme un progrès dans la pensée américaine, mais peut-on y parvenir par la force ? Cela peut-il rétablir la paix en mer Rouge ? La réponse est évidemment non.

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