Après les nouveaux bombardements étatsuniens au Yémen, les Houthis attaquent les navires de transport du département de la Défense

Il y a deux jours, j’ai parlé de l’espoir de l’administration Biden d’obtenir l’aide de la Chine dans le conflit entre les États-Unis et le Yémen.

.• «Espérer que la Chine aidera le Yémen est une connerie délirante», Moon of Alabama, 23 janv. 2024

Les navires chinois ne sont pas inquiétés par les forces yéménites. Ils n’ont visé que les navires liés à Israël et, depuis que les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé les positions des Houthis, les navires liés à ces pays sont également attaqués.

Nous venons d’apprendre pourquoi les responsables étatsuniens avaient exprimé l’espoir d’une aide chinoise. Le Financial Times fait état de discussions en coulisses avec la Chine à ce sujet.

«Les États-Unis demandent à la Chine d’aider à freiner les attaques des Houthis soutenus par l’Iran en mer Rouge», FT – 24 janv. 2024

Les États-Unis ont demandé à la Chine d’exhorter Téhéran à mettre un frein aux attaques des rebelles houthis soutenus par l’Iran contre les navires commerciaux en mer Rouge, mais n’ont reçu que peu de signes d’aide de la part de Pékin, selon des responsables étatsuniens.

Au cours des trois derniers mois, les autorités ont soulevé la question à plusieurs reprises auprès de hauts responsables chinois, leur demandant de transmettre un avertissement à l’Iran afin qu’il n’attise pas les tensions au Moyen-Orient après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et la guerre qui s’en est suivie.

Selon des responsables étatsuniens, le conseiller étatsunien à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et son adjoint, Jon Finer, ont abordé la question lors de réunions tenues ce mois-ci à Washington avec Liu Jianchao, chef du département international du parti communiste chinois. Le secrétaire d’État Antony Blinken a également soulevé la question, a déclaré le secrétaire d’État étatsunien».

C’est tellement risible que c’en est presque triste.

Encore une fois, les navires chinois ne sont pas gênés par le Yémen. Le fait que d’autres navires doivent désormais éviter la route de la mer Rouge et prendre 14 jours de plus pour contourner l’Afrique confère à la flotte chinoise de conteneurs un avantage commercial. Alors pourquoi quelqu’un à la Maison-Blanche a-t-il même pensé à demander de l’aide à la Chine ?

Comme l’a fait remarquer Lambert Strether, du site Naked Capitalism, à propos de la demande d’aide à la Chine :

«Avant d’entrer en guerre avec eux, ou après ?»

La nuit dernière, la marine étatsunienne a tenté d’escorter deux porte-conteneurs battant pavillon étatsunien, le Maersk Detroit et le Maersk Chesapeake, à travers le détroit de Bab el-Mandeb en mer Rouge.

Les Yéménites ont répondu en tirant trois missiles anti-navires. Deux missiles ont été interceptés par un navire de la marine étatsunienne, l’USS Gravely, mais l’un d’eux a explosé à proximité de l’un des porte-conteneurs :

«Le commandement central étatusnien a confirmé les détails de l’incident dans une déclaration publiée sur «X».

«Le 24 janvier vers 14 heures (heure de Sanaa), des terroristes houthis soutenus par l’Iran ont tiré trois missiles balistiques antinavires depuis les zones du Yémen contrôlées par les Houthis en direction du porte-conteneurs M/V Maersk Detroit, battant pavillon étatsunien et exploité par ce dernier, qui transitait dans le golfe d’Aden. Un des missiles s’est écrasé en mer. Les deux autres missiles ont été engagés avec succès et abattus par l’USS Gravely (DDG 107). Il n’y a pas eu de blessés ni de dommages au navire», précise le communiqué».

Il ne s’agissait pas de navires purement civils utilisés pour le transport privé de biens de consommation :

«Le Maersk Detroit et le Maersk Chesapeake sont exploités par Maersk Line, Limited (MLL), la filiale de Maersk battant pavillon étatsunien. Les deux navires sont inscrits au programme de sécurité maritime de l’administration maritime étatsunienne et à l’accord de transport maritime intermodal volontaire (VISA) conclu avec le gouvernement étatsunien.

Maersk a déclaré que les navires transportent des marchandises appartenant au ministère étatsunien de la défense, au ministère étatsunien des affaires étrangères, à l’USAID et à d’autres agences gouvernementales étatsuniennes et qu’ils «bénéficient donc de la protection de la marine étatsunienne pour leur traversée».

En conséquence, Maersk Line, Limited a pris la décision de suspendre les transits dans la région jusqu’à nouvel ordre, ce qui constitue un développement important compte tenu du rôle de MLL dans le transport des marchandises de l’armée et du gouvernement étatsuniens. MLL n’est pas seulement le plus grand propriétaire et exploitant de navires battant pavillon étatsunien et opérant au niveau international, mais aussi le plus grand participant aux programmes VISA/MSP».

Ces navires transportaient très probablement des munitions pour Israël. La marine étatsunienne a perdu la bataille car les navires ne pouvaient pas passer.

L’incident s’est produit douze heures après que les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé des positions yéménites pour la neuvième fois.

Le CENTCOM a rendu compte de la frappe :

«Le 24 janvier vers 02h30 (heure de Sanaa), les forces du Commandement central des États-Unis ont mené des frappes contre deux missiles antinavires des Houthis qui étaient dirigés vers le sud de la mer Rouge et prêts à être lancés. Les forces étatsuniennes ont identifié les missiles dans les zones du Yémen contrôlées par les Houthis et ont déterminé qu’ils représentaient une menace imminente pour les navires marchands et les navires de la marine étatsunienne dans la région. Les forces étatsuniennes ont donc frappé et détruit les missiles en état de légitime défense. Cette action protégera la liberté de navigation et rendra les eaux internationales plus sûres pour les navires de la marine étatsunienne et les navires marchands».

Il s’agit là encore d’une preuve évidente que les bombardements sur les forces gouvernementales houthies du Yémen n’ont aucune incidence sur leurs capacités et leur motivation. En fait, cela les encourage à redoubler d’efforts.

La politique étatsunienne consistant à «aider Israël» en s’opposant (sans succès) au blocus des navires israéliens par les Houthis était erronée dès le départ. L’échec du blocus des transports du ministère étatsunien de la défense prouve que cette politique a échoué.

Mais toute cette opération a augmenté le coût du transport de marchandises entre l’Europe et l’Asie et met en danger des navires qui n’ont rien à voir avec le conflit.

Les Houthis ont annoncé leur blocus des navires liés à Israël dans la mer Rouge le 9 décembre 2023. Les États-Unis ont annoncé, le 21 décembre, la mise en place d’une coalition pour protéger les navires israéliens en mer Rouge. Ce n’est qu’après cela que le trafic par le canal de Suez a diminué.

Demandez-vous maintenant comment les populations d’Europe (et d’Asie) ressentiront l’opération étatsunienne lorsque l’inflation des prix, induite par ces actions étatsuniennes, les frappera à nouveau là où elle leur fait le plus mal.

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