Riposte iranienne «Promesse sincère» : Le talon d’Achille d’Israël révélé au grand jour. Comment l’Iran a contourné les antiaériens

Dans la nuit de samedi à dimanche, le monde a été le témoin, devant les écrans de télévision ou des mobiles, d’une scène apocalyptique sans précédent au Moyen-Orient. Ou en Asie occidentale comme les Iraniens se plaisent à appeler cette région névralgique, question de la détacher, dans la terminologie géopolitique, du centralisme occidental.

Pour la première fois depuis son implantation, Israël, l’enfant choyé voire gâté de l’Occident, fait l’objet d’une attaque d’une telle ampleur.

Pendant près de 5 heures d’affilée, entre 23h00 (heure de Beyrouth/al-Qods occupée) et 04h00 à peu près, un déluge de plusieurs centaines de drones et de missiles balistiques se sont dirigés vers «Israël», illuminant le ciel de l’Irak, de la Jordanie et de la Syrie, leur trajet incontournable, avant d’atteindre celui de la Palestine occupée.

Quelques minutes plus tard, les sites web et réseaux sociaux du guide suprême l’ayatollah Ali Khamenei rediffusaient son discours prononcé pendant le premier jour de la fête d’al-Aïd d’al-Fitr, dans lequel il menace de châtier l’entité sioniste.

Quelques minutes plus tard, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) annonçait avoir lancé la riposte à l’attaque contre le consulat iranien à Damas du 1er avril.

Une heure plus tard, il publiera sa déclaration numéro 1 : «Dans le cadre de la punition de l’entité sioniste illégale, nous avons visé des cibles à l’intérieur des territoires occupés au moyen de dizaines de missiles et de drones, dans le cadre de l’opération baptisée « Promesse sincère» qui porte le mot de passe «Ô Messager de Dieu»

Plusieurs étapes : «une attaque composée»

Il semble qu’il y a eu plusieurs étapes dont deux primordiales : la première vers 23h00, lors des premiers tirs de drones.

Selon les médias israéliens, ils ont été suivis en quelques minutes par des missiles. Prévoyant qu’ils atteindront «Israël» vers 2h.

Et une énième -serait-ce la dernière, vers 1 : 40 après minuit, lorsque le porte-parole de l’armée israélienne a rendu compte de nouveaux missiles tirés depuis l’Iran en direction «d’Israël» et qui pourraient arriver dans une dizaine de minutes, avait rapporté la chaine qatarie al-Jazeera. Après l’arrivée des projectiles de la première étape, ont précisé des médias iraniens évoquant «une attaque composée».

Les chiffres de ces projectiles, tous made in Iran, diffèrent d’une source à l’autre. Les Iraniens, les seuls à pouvoir donner les chiffres exacts se sont encore abstenus de les préciser. Ils se sont contentés de révéler qu’ils ont utilisé des drones de type Chahed 136 (Shahed) et des missiles Khaybar.

Côté israélien et américain, les spéculations sont allées bon train pendant les heures de l’offensive. Un responsale us cité par al-Jazeera avait évoqué entre 400 et 500 drones lancés depuis l’Iran. Le Maariv en avait cité 150 missiles. Le porte-parole de l’armée d’occupation avait fait part de 200.

«185 drones, 36 missiles Cruz et 110 missiles sol-sol», ont finalement assuré des responsables israéliens pour le New York Times. Le chiffre est proche du dernier livré par l’armée israélienne : 300.

Parmi les missiles balistiques, la chaine israélienne Channel 12 assure que seuls 7 d’entre eux ont frappé l’entité.
Le plan iranien : Dérouter les antiaériens

Parfaitement conscient que l’effet surprise lui faisait défaut, contrairement à la frappe israélienne contre son consulat, l’Iran devait deviner d’avance que les Occidentaux ne manqueront pas de porter assistance à l’entité sioniste. A leur tête les Etats-Unis. Il leur a imposé une ligne rouge, mettant en garde contre toute attaque de leur part sur son sol, menaçant de frapper en échange leurs bases dans la région.

Prévoyant aussi que leurs antiaériens pourraient être actionnés, il a procédé dans son offensive en lançant un grand nombre de projectiles, destinés comme appâts pour ces antiaériens. L’objectif étant toutefois que certains puissent atteindre l’entité et frappent les cibles définies dans son plan.

Un responsable US avaient envisagé pour la ABC News la première partie : «Les Iraniens tentent de dérouter le système antiaérien israélien par des drones et des missiles ayant des altitudes différentes, des vitesses diversifiées et allant dans des directions diverses mais qui vont frapper tous ensemble les cibles».

De son côté, le commandant des Gardiens de la Révolution en Iran, le général Hossein Salami, a déclaré que «le fait de contourner les systèmes de défense sionistes et américains dans la région et atteindre les cibles spécifiées n’était pas facile», mais les plans militaires iraniens «étaient créatifs et ont réussi à pénétrer les couches des systèmes de défense sionistes et des alliés américains et français d’Israël».

Selon lui, les Iraniens ont imposé «une nouvelle équation avec l’entité sioniste», qui consiste à répondre à toute agression contre le territoire iranien, annonçant le début d’une «nouvelle page d’engagement avec l’ennemi sioniste».

Gardiens : Une attaque limitée. Un succès.

Le communiqué du chef du CGRI qui a qualifiée l’offensive «d’attaque limitée» a considéré qu’elle a été «un succès».

Et de préciser : «Nous avons bombardé les positions qui ont servi de lancement de l’attaque qui a visé notre consulat en Syrie».

«Nous aurions pu mener une opération plus ample mais nous avons précisé certaines cibles dans les territoires occupés», explique-t-il.

Selon les Gardiens, la moitié des cibles définies dans le plan d’attaque ont été visées. L’état-major iranien a assuré avoir détruit deux sites israéliens militaires importants. Il faut croire que le plan aurait pu prévoir la destruction de 4 en général.

L’une de ces bases détruites serait la base aérienne Nevatim, située à Bir as-Sabea (Beersheba) dans le désert du Néguev, selon les Gardiens iraniens qui ont révélé qu’ils s’étaient entrainés à partir de février 2023 à une attaque simulant son bombardement.

Le chef d’état-major des forces armées iraniennes le général Mohamad Bagheri a indiqué que c’est dans cette base qu’avait été planifiée l’attaque contre le consulat en Syrie. Abritant la flotte des F-35, elle est située à 1100 km de la frontière ouest de l’Iran.

La seconde selon lui est le siège des renseignements israéliens à Jabal al-Cheikh (Hermon) .

Les responsables israéliens assurent que les dommages sont mineurs. Mais aucune illustration des sites frappés n’a été diffusée dans leurs médias jusqu’à l’écriture de ce rapport.

Le talon d’Achille : L’aide occidentale vitale.

Une chose est sure et certaine : au terme de la riposte iranienne à l’attaque meurtrière contre le consulat iranien à Damas, le talon d’Achille d’Israël est plus flagrant : sans le soutien de l’Occident, il est à découvert et risque sa survie.

De toutes les guerres israéliennes, seule la guerre de 1958 avait été menée ouvertement de concert avec les Britanniques et les Français.

Les Etats-Unis, la Grande Bretagne sont intervenus pour empêcher les drones et missiles iraniens d’atteindre l’entité sioniste : en Irak, en Syrie et en Jordanie. Selon al-Jazeera, les bombardiers britanniques participaient aux côtés des bombardiers américains pour intercepter les drones iraniens dans l’espace aérien jordanien. Des responsables israéliens ont évoqué une participation française.

Le ministre américain de la Défense Loyd Austin a avoué que «ses forces ont intercepté des dizaines de drones et de missiles depuis l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Yémen en direction d’Israël».

Tout en assurant «être prêts à fournir le soutien a la défense d’Israël et de protéger nos forces», il a fait remarquer que son pays «ne veut pas de conflit avec l’Iran».

Réaction israélienne : entre exagération et minimalisation

Manifestement soucieux de mobiliser en permanence cette aide internationale vitale pour Israël, les responsables israéliens oscillent dans leur version entre l’exagération des intentions des Iraniens et la minimalisation des résultats de leur attaque.

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé l’Iran «de vouloir unifier tous les fronts» et «de provoquer une escalade globale dans la région».

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant s’est contenté d’une déclaration cursive dans laquelle il s’est vanté de la manière « admirable » dont l’offensive a été contenue, en disant que les dommages ont été mineurs. «Nous sommes éveillés et prêts à tous les scénarios. La confrontation n’est pas terminée», a-t-il déclaré. Et d’interpeler le monde : «Le monde entier a vu qui est l’Iran».

Même approche de la part du porte-parole de l’armée d’occupation israélienne Daniel Hagari qui a déclaré que l’Iran a commis «un acte dangereux» et «qu’il pousse le Moyen-Orient vers l’escalade». Évoquant des attaques depuis le Yémen et l’Irak, sans celles du Liban, où le Hezbollah le seul qui a revendiqué, images à l’appui, «des tirs de roquettes Katioucha» contre des bases israéliennes dans le Golan syrien occupée, vers 24h35.

Se vantant que 99% des «300 missiles et drones iraniens» contre nous ont été repoussés, il admet que seulement un nombre restreint des missiles balistiques sont entrés dans l’espace aérien israélien. Et d’arguer que «l’Iran n’a pas réussi à détruire notre base militaire dans le Néguev».

Mais les images trahissent ses assertions.
Le ciel israélien clignotait

Les images diffusées par les télévisions et les réseaux sociaux arabes montrent le ciel israélien qui clignotait sous l’effet des drones et missiles iraniens. Avec les missiles anti aériens des systèmes israéliens qui les traquaient.

L’on pouvait voir un nombre important de projectiles iraniens dans l’espace aérien de la Palestine occupée : sur la ville sainte d’al-Qods, illuminant la mosquée d’al-Aqsa, ou un missile ayant été intercepté au-dessus de la Knesset, et au moins une dizaine d’autres ont été abattus (Al-Jazeera) ; au-dessus de la Tibériade ; au-dessus de la région de Haïfa, dans les régions nord de la Palestine occupée (Al-Jazeera); sur le Néguev au sud où les médias israéliens ont rendu compte que des missiles se sont écrasés et une enfant de la communauté des bédouins a été blessée.

La correspondante d’al-Jazeera avait expliqué que cette région est la moins couverte par les antis aériens et antis missiles israéliens car «elle est habitée par des tribus bédouines» méprisées et qu’il projette d’expulser.

De l’aveu de l’armée israélienne, les sirènes d’alerte ont retenti dans plus de 720 fois dans les régions après les premiers tirs iraniens, selon la radio de l’armée israélienne : dont la région Dimona ou se trouve à fortiori la centrale nucléaire israélienne, Bir as-Sabea (Beersheba) au sud…

Certains missiles se sont abattus sans exploser dans plusieurs régions israéliennes, a affirmé le Front intérieur israélien qui a conseillé aux Israéliens d’éviter de s’en approcher.
Le dernier mot à Téhéran : gare à une riposte

Force est de constater que c’est Téhéran qui a décidé la fin de l’opération. Le discours des responsables du CGRI répetait souvent cette équation : si Israël déclenche la bataille, nous aurons le dernier mot.

La fin de l’opération a d’abord été annoncée via sa délégation à l’ONU, vers 24h, dans une déclaration:

«Menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations Unies relatif à la légitime défense, l’action militaire de l’Iran était une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas». Le texte avertit : «L’affaire peut être considérée comme close. Cependant, si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère.»

Et une mise en garde aux USA : «Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime voyou israélien, dont les États-Unis DOIVENT RESTER À L’ÉCART.». Téhéran avait adressé une mise en garde spécifique aux USA via la Suisse que ses bases seraient frappées s’ils soutiennent une riposte israélienne.

Puis l’annonce a été aussi faite par l’état-major des forces armées iraniennes qui a affirmé que «l’attaque est terminée et nous ne voulons pas la poursuivre… Mais nous allons riposter avec puissance sur Israël s’en prend à nos intérêts».

Selon le site d’information Axios, «Joe Biden a informé le Premier ministre israélien que Washington s’oppose à toute attaque contre l’Iran», durant l’appel téléphonique qui a eu lieu après que l’Iran a déclaré la fin de sa riposte.

Des responsables américains ont confié sous le couvert de l’anonymat pour le réseau NBC qu’il a fait part de «sa préoccupation que Netanyahu n’entraine Washington vers une affrontement plus élargi». Un haut-responsable a assuré pour sa part que les USA se comporte avec ce qui s’est passé comme étant «une guerre directe éventuelle entre deux pays».

L’ex-chef du Mossad Yossi Cohen a conseillé à «Israël» de ne pas riposter à l’offensive israélienne au motif «qu’il n’est pas permis de perdre l’alliance qui le soutient, en ripostant».
Irritation israélienne

Dans leurs déclarations ce dimanche, les responsables israéliens semblent irrités, intimement conscients de la prédominance de la riposte iranienne. Leur supériorité ayant été sérieusement mise à mal.

Dans une apparition grincheuse à la télévision, Gallant a menacé de former une alliance régionale contre l’Iran.

Le représentant israélien à l’ONU avait auparavant réclamé une session du Conseil de sécurité pour condamner l’Iran et placer les Gardiens de la révolution sur sa liste terroriste.

Les deux déclarations ont toutefois en commun la nécessité pour Israël du recourir à l’aide externe pour assurer sa survie et confirment son talon d’Achille, plus éclatant que jamais après cette offensive.
Contraste entre Téhéran et Tel Aviv.

Illustre clairement cette faiblesse le contraste frappant entre les scènes nocturnes de liesse dans les rues de Téhéran et celles de panique à Tel Aviv ou ailleurs. Décidément, depuis l’opération du Hamas Déluge d’al-Aqsa, « Israël » ne cesse de perdre la guerre des images.

Du côté israélien, des scènes de panique des israéliens ayant été filmées par des particuliers et diffusées sur les réseaux sociaux, pendant leur course vers les abris.

Elles s’ajoutent à celles des sirènes d’alerte retentissant dans toutes les régions et celles de la dernière réunion du cabinet de guerre restreint organisé dans un siège souterrain. Une photo l’illustre parfaitement.

Côté iranien, les députés iraniens semblent aussi avoir passé la nuit au sein du parlement, où, dans une ambiance joviale, ils ont fêté l’offensive comme le montre cette vidéo.

Brandissant les drapeaux palestiniens, libanais, du Hezbollah, et iraniens, des Iraniens s’étaient rassemblés entre autres sur la place de la Palestine où est érigée une mosquée qui ressemble à la mosquée d’al-Aqsa.

Un signe de solidarité et de soutien qui avait été réclamé par d’innombrables Iraniens ces derniers 6 mois, en regardant les scènes de la mort disséminée par «Israël» dans la bande de Gaza, où au moins 34 mille Palestiniens ont été décimés.

Des Gazaouis se sont réjouis cette nuit-là de l’avoir passée sans raids israéliens. Pour la première fois depuis 190 jours. Leur résistance avait infligé à l’entité sioniste son plus grand revers depuis sa création. Le 7 octobre 2023. Sans l’aide de personne.

Check Also

L’anarchie au Levant : Votre rêve d’avenir est un plan de chaos

Téhéran et Moscou ne se font pas d’illusions et se préparent en conséquence. La guerre …