L’Islam tranquille et la fascination des hommes

«Les hommes ne reconnaissent plus aucune autorité effective dans l’ordre spirituel, aucun pouvoir légitime dans l’ordre temporel. Les profanes se permettent de discuter des choses sacrées (…) c’est l’inférieur qui juge le supérieur, l’ignorant qui impose des bornes à la sagesse, l’erreur qui prend le pli sur la vérité. L’humain qui se substitue au divin. La Terre qui l’emporte sur le Ciel (…)». (René Guénon – philosophe)

Résumé

L’Europe va mal, elle a perdu ce qu’elle martelait comme magister moral et sanctuaire intronisé des droits de l’homme au profit d’une chasse aux sorcières représentées par les musulmans, où la moindre petite allusion qui contredit le narratif ambiant de l’impunité d’Israël est puni, lourdement. Plusieurs centaines de parution en justice à l’encontre des personnes qui parlent de droits humains, de paix pour le peuple de Gaza.

Dans cette atmosphère de plus en plus anxiogène pour les musulmans en Europe et notamment en France du fait du battage médiatique où la perversion de l’essence de la laïcité, est devenue une arme au service des Torquemada «aux petits pieds» qui brandissent l’anathème, l’inquisition, le bûcher. Pourtant l’islam tranquille bien compris exerce une fascination sur l’homme ou la femme quelle que soit sa latitude. Dans le monde hors monde musulman, il est courant d’apprendre telle ou telle conversion à l’islam, mais comme Eva de Vitray Meyerovitch l’écrit, «quand on se convertit à l’islam on n’abjure rien car l’islam est une religion qui englobe les autres religions monothéistes».

Nous allons dans un premier temps décrire, cette lame de fond paisible de l’islam bien compris, malgré toutes les attaques en Occident pour le diaboliser. Il est vrai que l’on parle de l’islam que quand ça saigne, montant de toute pièce des fake news oubliant de citer l’islam paisible. Il est à craindre de plus en plus des Nuits de Cristal où l’islamophobie est devenu le fond de commerce non seulement des droites mais c’est aussi le nouveau satan brandi par les intellectuels commnautaristes sionistes qui font perdre il faut le craindre, le crédit qu’avait la France auprès des pays arabes et musulmans.

Dans l’impossibilité de citer toutes les femmes et les hommes qui ont choisi de vivre musulmans, nous allons citer quelques personnalités, étrangères à l’islam, qui ont cependant par certaines de leurs œuvres ou de leurs paroles contribué à mettre en lumière la grandeur de l’islam et/ou la noblesse de caractère de son prophète Mohamed (Qsssl)

Est-ce que l’islam est belligène ?

Au plus fort de la vague d’islamophobie, en novembre 2001, Alain Gresh a tenu à rappeler que le Deutéronome décrit la mise en place du génocide : Nous lisons : «Le seigneur ton Dieu te livrera ces nations et jettera sur elles une grande panique jusqu’à ce qu’elles soient exterminées. Il livrera leurs rois entre tes mains, tu feras disparaître leur nom de sous le ciel, aucun ne tiendra devant toi, jusqu’à ce que tu les aies exterminés». Cet appel au génocide se dissimule-t-il dans le Coran ? Non, il est extrait de l’Ancien Testament (Deutéronome 7, 23 et 24). Il explique que le fourre-tout islam est à définir : «Le concept «islam», écrit-il doit aussi se manier avec prudence. Quand on parle de l’islam, on élimine plus ou moins automatiquement l’espace et le temps», faisait remarquer l’intellectuel américano-palestinien Edward W. Said. Et il précisait : «Le terme islam définit une relativement petite proportion de ce qui se passe dans le monde musulman, qui couvre 1 milliard d’individus, et comprend des dizaines de pays, de sociétés, de traditions, de langues et, bien sûr, un nombre infini d’expériences distinctes. C’est tout simplement faux de tenter de réduire tout cela à quelque chose appelé «islam»«islamisme, antimondialisation, antisémitisme, que d’amalgames, d’accusations infâmes et de confusion»«.1

Le ramadan, une pratique religieuse et culturelle

Le mois de jeûne doit débuter lundi 11 mars. Pour les moins de 25 ans, ce temps spirituel est vu comme un «challenge», mais c’est aussi un moyen de s’affirmer et d’afficher son appartenance à une communauté Aziz se souvient avec émotion de ces moments. Aujourd’hui âgé de 25 ans, l’étudiant à HEC en parle comme d’»un moment formidable». De longs après-midi vécus en commun avec d’autres collégiens musulmans, comme lui, à jouer au football le gosier sec jusqu’à ce que le soleil se couche. «Nous dépensions de l’énergie sans boire ni manger, c’était un moment collectif, où l’on vivait et ressentait tous la même chose, une des meilleures périodes de ma vie», Dix ans plus tard, le mois du ramadan, reste un moment spirituel crucial pour lui. Chez les jeunes musulmans de France, ils sont nombreux à partager ce sentiment. «Le ramadan s’est imposé comme un marqueur d’appartenance fort à une religion, à une communauté à laquelle on est fier d’appartenir», fait ainsi remarquer Tarik Yldiz. Et de poursuivre : «Ne pas le faire, c’est comme si on reniait d’où on venait. Ce qu’on était».2

Pour le sociologue Jean Viard, «le ramadan est de plus en plus pratiqué dans une culture en expansion, mais à laquelle on n’a pas donné pour l’instant sa place symbolique» : «L’islam d’Europe et de France est devenu une des grandes croyances et cette grande croyance permet à des gens d’avoir du lien, d’avoir de la fraternité», souligne Jean Viard. : «Il y a entre cinq et six millions de Français musulmans. À peu près trois quarts d’entre eux déclarent faire le ramadan. Il faut dire que c’est de plus en plus pratiqué, chez nous, mais pas que chez nous, en Algérie aussi, etc. Il y a le ramadan dans la culture musulmane, prend de plus en plus d’importance, Il y a des gens qui ne croient pas, mais qui considèrent ça comme un geste culturel. Il y a le culturel et le religieux qui se mélangent Peut-être aussi parce que comme ils se sentent extrêmement agressés dans notre société, on a tendance à se rapprocher du plus faible et de l’opprimé. Après, il faut dire une chose, en France, il y a 2 600 lieux de culte musulman, ce qui est peu par rapport à l’importance, surtout que ce sont des lieux de culte, beaucoup plus que des mosquées. Pour vous donner un ordre de grandeur, en France, il y a 42 000 églises, 300 synagogues, et à peu près 600 temples protestants».3

«Mais les musulmans pratiquent davantage, il y a plus de mosquées – on vient d’en inaugurer une très belle à Strasbourg. On tolère qu’il y ait la religion musulmane, donc il y a des salles de prières, on est un peu sorti de l’époque des caves, mais ce ne sont pas encore des monuments urbains. Ça fait longtemps que je plaide pour qu’il y ait une grande mosquée par région. Il faut accepter que c’est une grande religion européenne, qui pénètre en Europe, je pense qu’il faut affirmer le droit de toute religion à exister. À Marseille. Est-ce qu’il ne serait pas logique que dans une ville où presque un habitant sur quatre est religieux, musulman, il y ait une très belle mosquée sur une grande place avec le nom donné à l’émir qui défendait les Algériens pendant la conquête de l’Algérie. Moi, je crois qu’il faut affirmer effectivement contre les racistes, contre ceux qui refusent l’islam d’Europe et de France, qu’effectivement c’est devenu une des grandes croyances de chez nous, et que cette grande croyance, elle permet à des gens d’avoir du lien, d’avoir de la fraternité, y compris qu’il faut la contrôler, il faut que les imams effectivement parlent français».[3]

Les personnes séduites par le message de l’islam

En 2001, l’ambassadeur de la très catholique Italie en Arabie saoudite, Torquato Cardilli, annonçait à la presse saoudienne sa conversion à l’islam. Il emboîtait ainsi le pas à l’un de ses prédécesseurs, Mario Scialoja, en poste à Riyad dans les années 1994-1995, qui avait lui aussi embrassé la religion de Mohammed, mais avant son arrivée dans la capitale saoudienne, en 1987, alors qu’il représentait son pays aux Nations unies. La fascination intellectuelle d’une certaine élite européenne pour l’islam n’est pas un phénomène nouveau. Sans remonter très loin, la civilisation musulmane a fait rêver au XIXe siècle Goethe, Flaubert, Gérard de Nerval. De façon générale, c’est dans les milieux de l’érudition que l’on trouvait jusqu’à très récemment le plus de convertis notoires. En France, aux noms des philosophes René Guénon et Roger Garaudy s’ajoutaient ceux des islamologues ou orientalistes Vincent Mansour Monteil, Michel Chodkiewicz, ancien patron des éditions de Seuil. Dans le domaine artistique le chorégraphe Maurice Béjart. Personne n’ignore que les footballeurs français Nicolas Anelka, Franck Ribéry, Julien Faubert ont embrassé l’islam. Tout comme le basketteur Olivier Saint-Jean, alias Tariq Abdul-Wahad. Parmi les chanteurs en vogue, Régis Fayette-Mikano, devenu Abd al-Malik, et Philippe Fragione (Akhenaton) ont eux aussi opté pour la religion musulmane. On notera que beaucoup de ces sportifs ou artistes sont d’origine africaine ou antillaise. Aux États-Unis, ce sont également des Blacks qui, généralement, choisissent de porter les couleurs de l’islam. Le plus célèbre d’entre eux reste Mohamed Ali, au départ, qui sera imité par un autre boxeur, Mike Tyson. Du côté de la musique, outre de nombreux rappeurs, on relève le cas du jazzman John ColtranePour ce qui est de la Grande-Bretagne, le converti le plus connu est Cat Stevens, qui a pris le nom de Yusuf islam».4

Victor Hugo : écrivain français (1802-1885)

Victor Hugo est un écrivain français considéré comme l’un des plus éminents de la langue française. Il est connu que les opinions religieuses de Victor Hugo changèrent sensiblement au cours de sa vie. Dans sa jeunesse, il s’identifiait en tant que catholique pratiquant, et éprouvait du respect pour l’Église et son autorité, puis il se détacha progressivement de la pratique religieuse, pour s’intéresser au spiritisme… De son intérêt pour l’islam, on connaît de lui le fameux poème intitulé «L’an neuf de l’Hégire», composé en 1858, et qui rend hommage au prophète Mohamed (Qsssl) : Il n’est pas sans intérêt de relire le poème que Hugo, dans le cadre de La légende des Siècles, publie sur la mort du prophète de l’islam en 1858 et qui s’intitule «L’an 9 de l’hégire». Il y donne de Mahomet, comme il le nomme, une image bien différente de celle que l’on peut lire aujourd’hui dans le monde européen. «Comme s’il pressentait que son heure était proche. Grave, il ne faisait plus à personne un reproche, Il marchait en rendant aux passants leur salut ; (…) Si des hommes venaient le consulter, ce juge. Laissait l’un affirmer, l’autre nier. Écoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche était toujours en train d’une prière ; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre».5,6

«Il s’occupait de lui-même à traire ses brebis ; Il s’asseyait à terre et cousait ses habits. Il jeûnait plus longtemps qu’autrui les jours de jeûne, Quoiqu’il perdît sa force et qu’il ne fût plus jeune. À soixante-trois ans une fièvre le prit. Il relut le Coran de sa main même écrit, «Je touche à mon aube dernière. Il n’est pas d’autre Dieu que Dieu. Combats pour lui». (…) Si j’ai de l’un de vous Mal parlé, qu’il se lève, ô peuple, et devant tous Qu’il m’insulte et m’outrage avant que je m’échappe, Si j’ai frappé quelqu’un, que celui-là me frappe». Le lendemain matin, voyant l’aube arriver ; «Aboubékre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le Livre et faire la prière». Et sa femme Aïscha se tenait en arrière ; Et l’Ange de la mort vers le soir à la porte Apparut, demandant qu’on lui permît d’entrer. «Qu’il entre». Et l’Ange lui dit : «Dieu désire ta présence. – Bien», dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa lèvre, et Mahomet mourut».[5],[6]

Goethe :«Le chant de Mahomet»

«Si tel est le Coran ne sommes-nous tous pas musulmans ?» Cette phrase résume à elle seule l’immense respect de Goethe pour l’islam. Il écrit notamment : «Voyez le ruisseau des montagnes brillant de joie, comme un regard des étoiles ! Au-dessus des nuages, de bons génies ont nourri son enfance parmi les roches buissonneuses. Jeune, ardent, il s’élance de la nue sur les parois de marbre, et il pousse encore vers le ciel des cris d’allégresse. Le long de ses sentiers sublimes ; il pourchasse les cailloux bigarrés, et, comme un guide empressé, il entraîne à sa suite les sources fraternelles. Fier de ses ondes argentées, il entre dans la plaine ; et la plaine, fier de lui, et les rivières des campagnes et les ruisseaux des monts le saluent avec allégresse et s’écrient : «Mon frère, mon frère, prends tes frères avec toi, et les emmène vers ton vieux père, l’éternel océan, qui, les bras ouverts nous appelle. Hélas ! ils s’ouvrent en vain pour recueillir ses enfants qui soupirent, car, dans l’aride désert, le sable altéré nous dévore ; là-haut, le soleil absorbe notre sang ; une colline nous arrête en nappe immobile. O frère, prends tes frères de la plaine, prends tes frères des montagnes et les emmène vers ton père !» Venez tous !… Et il s’enfle plus magnifique ; toute une nation porte le prince au faîte des grandeurs. Et dans le cours de son triomphe, Ainsi, mugissant de joie ; il porte ses frères ; ses enfants, ses trésors, dans le sein du père ; qui les attend».7

Alphonse de Lamartine

Lamartine écrit une «Vie de Mahomet» en 1854, dont on peut dire que c’est la première biographie objective écrite par un Occidental. Nous lisons : «Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l’homme et l’homme à Dieu, restaurer l’idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l’idolâtrie… «Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l’immensité du résultat sont les trois mesures du génie de l’homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l’histoire moderne à Mahomet ? (…). Celui-là a remué des armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d’hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel… Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, voilà Mahomet. À toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?»8

George Bernard Shaw

Le célèbre dramaturge et critique irlandais, George Bernard Shaw (1856-1950), prix Nobel de littérature 1925 ne fut pas en reste il écrit : «Je voulais mieux connaître la vie de celui qui, aujourd’hui détient indiscutablement les cœurs de millions d’êtres humains ; je suis, désormais, plus que jamais convaincu que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie.

C’était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l’épée, lui amenèrent tant de succès et lui permirent de surmonter les problèmes».[5]

Julius Evola : écrivain et poète italien 1898-1974

Julius Evola est surtout connu pour être une grande figure de l’ésotérisme occidental vers lequel il s’orienta au milieu de sa vie après la lecture de l’œuvre de Réné Guénon (Abd al wahid Yahya en islam). Dans son célèbre ouvrage «Révolte contre le monde moderne» qui rappel la «crise du monde moderne» de R. Guénon, Julius Evola détaille sa vision de l’islam dont le symbolisme traditionnel d’après lui indique clairement un «rattachement direct de l’islam à la Tradition primordiale elle-même. D’où l’indépendance totale de l’islam vis-à-vis du judaïsme ou du christianisme, religions à l’égard duquel il reste très critique et dont il rejette plusieurs des dogmes comme le péché originel, le concept de rédemption, la médiation sacerdotale».9

Mahatma Gandhi : guide spirituel de l’Inde

Hindou élevé dans le plus grand respect de l’islam, Gandhi fut à la fois homme politique pacifiste et philosophe. À propos de l’islam et de son prophète (Qsssl) il eut le témoignage suivant : «Je voulais mieux connaitre la vie de celui qui aujourd’hui détient indiscutablement les cœurs de millions d’êtres humains. Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C’était cette grande humilité, cet altruisme du prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l’épée, lui amenèrent tant de succès, et lui permirent de surmonter les problèmes».10
Eva de Vitray Meyerovitch

Nous ne pouvons pas terminer ce plaidoyer pour l’islam des cœurs sans citer Eva de Vitray Meyerovitch. Intellectuelle brillante, écrivain, traductrice, chercheur, responsable du département sciences humaines du CNRS après la Seconde Guerre mondiale, Éva de Vitray-Meyerovitch est entrée en islam vers 1950. Une quarantaine d’ouvrages témoignent de sa recherche ardente, parmi lesquels un trésor enfin révélé aux francophones : le Mathnawi, de Rûmî. Sa parfaite connaissance de la pensée de Muhammad Iqbal lui a permis de trouver sa voie dans un islam ouvert, de paix et d’amour, dont elle est devenue l’une des meilleures ambassadrices. Ce sont des influences qui comptent, elle fait le choix d’entrer en islam en 1950. Elle explique pourquoi : «L’islam oblige à reconnaître toutes les communautés spirituelles, tous les prophètes antérieurs. L’islam est le dénominateur commun à toutes les religions. On ne se convertit pas à l’islam. On embrasse une religion qui contient toutes les autres».11

«Lorsque j’ai fait mes premiers pas vers l’islam, après la lecture du livre d’Iqbal, vous pensez bien que cela n’a pas été facile. J’avais été élevée dans la religion catholique par une grand-mère d’origine anglicane. J’avais un mari juif. J’avais le sentiment de faire quelque chose de fou et j’étais parfois d’autant plus désemparée que je n’avais personne pour me guider. Il m’arrivait de demander dans ma prière : «Dites-moi ce que je dois faire ! Envoyez-moi un signe»… Ce signe, je l’ai reçu sous la forme d’un songe. J’ai rêvé que j’étais enterrée et, par une sorte de dédoublement, je voyais ma tombe, une tombe comme je n’en avais jamais vue et sur laquelle mon prénom, Eva, était écrit en caractères arabes ou persans, ce qui donnait Hawa. Cela me paraissait bizarre, et, tout en dormant, je me disais : «Mais enfin, je ne suis pas morte». Pour mieux m’en persuader, je remuais mes doigts de pied. Au réveil, je me souviens m’être dit : «Eh bien ! ma petite, tu as réclamé un signe et le voici : tu seras enterrée comme une musulmane». Depuis 2008, son corps repose à Konya, près de la tombe de Rûmî, avec son nom musulman, Hawa, gravé sur la pierre».[11]

«D’autres témoignages, sont ceux de Arthur Rimbaud, Pierre Loti, Maurice Béjart (1927-2008), chorégraphe français. Etienne Dinet, alias Hadchi Nasreddin (1861-1929), peintre français. Titus Burckhardt (1908-1984), écrivain suisse issu de l’école traditionaliste. Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivaine suisse d’origine russe. Roger Garaudy (1913- 2012), écrivain philosophe français. René Guénon alias Abdul-Wahid Yahya (1869-1951), écrivain philosophe français. Maurice Bucaille médecin gastroentérologue, auteur de l’ouvrage sur l’islam «La Bible, le Coran et la science». Enfin nous citerons Louis Massignon. Ce dernier est notamment connu pour être l’auteur d’une thèse monumentale sur la vie d’Al Hallaj, l’une des grandes figures du soufisme du Xe siècle, mort crucifié à Bagdad en 922. La phrase suivante est ainsi tirée d’un de ses travaux, et témoigne de sa haute estime pour les musulmans : «L’islam est la seule communauté monothéiste qui, depuis treize siècles a édicté le pèlerinage comme un devoir, réalisant visiblement et symboliquement le rassemblement de tout les croyants dans le Dieu unique d’Abraham autour du point central qui polarise cinq fois par jour les prières. Un seul pèlerin est l’ambassadeur, le témoin intercesseur de tout un groupe de croyants… Le pèlerinage est le seul moyen collectif de sanctification, d’ascèse et d’intercession à la portée des plus humbles».12,[5]

Napoléon et l’islam : sincérité ou opportunisme ?

L’histoire retiendra que Napoléon a été sensible à l’islam. Il semblerait même que vers la fin de sa vie à Saint Hélène, il aurait pensé à se convertir. Naturellement c’est sur le ton de la dérision que l’attraction de Napoléon pour l’islam. «En 1798, écrit Farid Bahri, Bonaparte lance son expédition en Égypte. Il va tendre la main à l’islam et à ses représentants. Le 20 août 1798, au Caire, Pour gagner le cœur des Égyptiens, Napoléon célèbre en grande pompe le Mawlid al-nabawi, l’anniversaire de la naissance du prophète Mohammed. À cette occasion, les notables lui donnent le nom de «Ali Bonaparte». Ce qui est un signe d’affection évident».13

«À l’évidence, Bonaparte n’a pas découvert l’islam en se réveillant un beau matin sur le sol égyptien. Le futur empereur des Français a eu vent de la religion de «Mahomet». Des penseurs orientalistes comme Volney ou De Sacy n’ont pas de secret pour lui (…) Selon l’historien Henry Laurens, c’est ce que Napoléon va réaliser. «Bonaparte et ses conseillers orientalistes jugent que l’on ne peut gouverner l’Orient qu’en utilisant l’islam comme arme politique (…). C’est ainsi que Bonaparte, pour pousser les populations égyptiennes à se rallier aux Français, mélange la rhétorique révolutionnaire française et la légitimation islamique des révoltes : il affirme que les Mamelouks ne respectent pas Dieu (…) et que les Français sont les vrais musulmans puisqu’ils ont chassé le pape de Rome et détruit l’ordre de Malte».[13]

«Bonaparte joue ainsi de la fibre patriotique et du sentiment d’arabité afin de soulever les Égyptiens contre les Turcs, en associant arabité et islam. Ainsi, dès le 2 juillet 1798, à la suite des combats, le général français fait placarder sur les murs des villes des affiches proclamant : «Égyptiens, on vous dira que je viens pour détruire votre religion : c’est un mensonge, ne le croyez pas». Ensuite, il reçoit une délégation de notables auxquels il assure que son armée respectera intégralement les institutions religieuses. Il s’engage également à garder en l’état les waqf, En contrepartie, muftis et cheikhs promettent de ne proclamer en aucun cas le jihad Par la suite, Napoléon fait strictement respecter les mœurs musulmanes. «Goethe et Victor Hugo voient juste quand ils baptisent respectivement Bonaparte «der Mahomet der Welt» et «un Mahomet d’Occident», Conquérant lui-même, Bonaparte voit dans le Prophète un meneur d’hommes qui a su constituer un empire».[13]

«Bonaparte mêle une vraie sincérité et sans doute une dose d’opportunisme. Ne déclarait-il pas devant le Conseil d’État, le 1er août 1800 : «C’est en me faisant catholique que j’ai gagné la guerre en Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais un peuple juif, je rétablirais le Temple de Salomon». Napoléon fut mis en relation avec les préceptes de l’islam, dont il proclamera d’ailleurs la grandeur durant toute sa vie, à travers ses correspondances personnelles : «L’islam, écrit-il, attaque spécialement les idolâtres ; il n’y a point d’autre dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète ; voilà le fondement de la religion musulmane ; c’était le point le plus essentiel : consacrer la grande vérité annoncée par Moïse et confirmée par Jésus. (…) Il n’y a pas d’autre dieu que Dieu et Mahomet est son prophète. (…) Je suis, moi, musulman unitaire et (que) je glorifie le Prophète»».[13]

Conclusion

Le vrai ennemi de l’homme c’est l’ignorance. Le XXIe siècle qui aurait pu être le siècle de la tolérance de la délivrance de l’homme est en train de sombrer dans le chaos identitaire et la compétition religieuse. L’islam est à des degrés divers, le dernier rempart contre ce néo-libéralisme ravageur, cette mondialisation-laminoir. Il est vrai qu’il est mal expliqué, mal représenté par ceux qui se disent musulmans notamment dans le monde arabe. Heureusement que l’islam est aussi représenté par plus de 1 milliard de musulmans non-arabes. Dans un monde de plus en plus anomique formaté par le gain, il est hors de doute que les religions notamment monothéistes ont un rôle à jouer pour ramener un peu de sérénité et participer ce faisant, à remettre l’homme au centre de la problématique de la finalité de son existence.

L’Occident a perdu son âme en s’éloignant de son essence. Il en sera de même du mimétisme constaté çà et là et qui risque de banaliser le message transcendant de l’islam comme ce fut le cas pour le christianisme du paraitre avec une marchandisation du sacré. Quand la banque du Vatican est empêtrée dans un scandale financer Quand l’Eglise sollicite le sponsor de multinationales pour organiser la béatification de deux papes ; Quand l’Église après avoir imposé le Père Noël a accepté de le vêtir en rouge à la demande de Coca Cola nous sommes en pleine dérive contagieuse et les apprentis sorciers à cette allure, vont nous amener avec un islam aseptisé sur la pente dangereuse du «money-théisme» et de la banalisation du divin. L’Église lutte pour combattre une fête païenne : Halloween importée du temple du libéralisme, les États-Unis et qui fait des émules concurrençant la fête de Noël. L’Église crée, pour la circonstance, un slogan qu’elle pensait porteur : « Holy Winn !», «le sacré vaincra !» Il n’a pas vaincu… Transformer la Mecque en Las Vegas des sables et bon pour le commerce, mais est-ce cela le message originel de la sobriété ? (al Kanna’a) On le voit, la civilisation du Veau d’or aura raison de toutes les religions au nom du money-théisme.

Pourtant L’islam tient bon, en résistant comme il y a plus de mille ans aux croisades, et depuis septembre 2001 c’est une nouvelle croisade pour le «dociliser» en le folklorisant. L’islam est, au contraire, une dignité, une relation personnelle à Dieu. Ce qui compte c’est la foi et il n’est pas nécessaire de fêter l’Aïd en même temps Un musulman australien fera forcément le Ramadan avec vingt-quatre heures de décalage par rapport à celui calé sur le méridien de Greenwich.

Plus largement les religions devraient aussi épouser les contraintes de leur temps comme elles l’ont fait durant cette difficile épreuve en prônant la solidarité humaine et en se désengagement du rituel qui comme nous l’avons vu ne saurait remplacer la relation directe et verticale avec le créateur. Les religions notamment abrahamiques ont besoin de retrouver le message originel dépouillé des apparats des clergés. Plus globalement ce sont les fidèles – bien ancrés dans leur foi- qui doivent faire la part des choses entre le message divin intemporel et les accommodements raisonnables pour adapter les rituels aux contingences du moment.

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