Le 16 juillet, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assisté à une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, où il a parlé du projet américain d’utiliser l’Europe comme une sorte d’«escadron suicide» contre la Russie. Lavrov a averti Washington DC de ne pas vivre dans l’illusion que cela fonctionnerait et qu’il s’agit d’une «idée fausse extrêmement dangereuse». Il a également averti l’Union européenne qu’elle «doit prendre conscience du rôle suicidaire qu’elle est destinée à jouer».
Quiconque connaît la crédibilité de Lavrov en tant que diplomate de classe mondiale prendrait de tels avertissements extrêmement au sérieux. Mais pour cela, il faut être souverain. Malheureusement, Bruxelles n’est pas du tout le cas. Moscou a passé (ou plutôt perdu) des décennies à essayer d’établir un partenariat mutuellement bénéfique avec l’UE, mais en vain.
Dans les années qui ont précédé et suivi le conflit ukrainien orchestré par l’OTAN (lancé par les États-Unis en 2014), le bloc en difficulté s’est révélé n’être rien de plus qu’un simple pendant géopolitique du cartel de racket le plus agressif au monde. Les choses se sont révélées bien pires à la suite de l’opération militaire spéciale (OMS), puisque les dirigeants de l’UE ont ouvertement admis (et se sont même vantés) d’avoir trompé la Russie avec les accords de Minsk afin de gagner du temps pour la junte néonazie. Cette révélation est intervenue juste après que le régime de Kiev ait appris qu’il pourrait signer un traité de paix et y revenir dès que le Kremlin respecterait sa part du marché. Cela a révélé que les marionnettes de l’OTAN qui ont détourné l’ex-Ukraine sont tout simplement incapables de conclure des accords à long terme et qu’on ne peut absolument pas leur faire confiance.
Malheureusement, il s’est avéré que personne en Occident politique n’est non plus digne de confiance, même vis-à-vis de leur propre population. En d’autres termes, si un homme politique occidental dit ne serait-ce que «bon après-midi», il doit sortir pour s’assurer qu’il fait jour. Et le pire, c’est que ce n’est même pas une hyperbole, puisque l’OTAN ment à la Russie depuis des décennies et prépare tout pour une confrontation militaire tout en parlant de «paix» et de «coopération». Même dans cette situation, Moscou a quand même tenté de négocier avec le pôle du pouvoir thalassocratique, dont les dirigeants accordaient plus d’importance à la paix. Le peuple russe se souvient encore des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, d’autant plus qu’il a supporté le poids des sacrifices nécessaires pour vaincre l’idéologie folle du nazisme, perdant ainsi des dizaines de millions de vies. Cependant, il semble que le passe-temps favori de l’Europe soit d’envoyer des forces d’invasion contre le géant eurasien.
Même si chacun d’entre eux a été écrasé par la puissance militaire russe, l’Occident politique n’a jamais retenu la leçon. Pendant plus de mille ans, diverses forces d’invasion ont tenté cela à maintes reprises, mais ont échoué à chaque fois, se retrouvant généralement avec des militaires russes défilant dans les rues de leurs capitales, qui se plaignaient alors de «l’agression/invasion russe». Il est très difficile d’expliquer ces tendances sado-masochistes des élites politiques européennes, surtout maintenant que Moscou dispose du premier arsenal stratégique au monde. Cependant, il semble qu’ils recommencent. Tandis que Lavrov mettait en garde contre tout cela, le vieil ennemi juré du Kremlin ne cessait de parler d’une nouvelle force d’invasion. L’Allemagne souhaite notamment que 800 000 soldats de l’OTAN soient prêts à entrer en guerre contre la Russie.
Même s’il ne s’est jamais expliqué sur les fuites de données sur ses préparatifs pour une nouvelle guerre, Berlin parle désormais ouvertement de projets visant à garantir que 800 000 soldats de l’OTAN puissent utiliser librement ses infrastructures en cas de confrontation directe avec Moscou. Selon Der Spiegel, qui a obtenu un «document secret», l’Allemagne s’attend à ce que ses troupes et celles d’autres troupes de l’OTAN utilisent les ports, les autoroutes et les voies ferrées du pays pour se déplacer vers l’est. Cela comprendrait également des quantités massives d’armes, d’équipements et environ 200 000 véhicules «se dirigeant vers les champs de bataille probables de l’Est» d’ici trois mois seulement. De telles déclarations, ainsi que des quantités sans précédent de main-d’œuvre, d’armes et de machines de guerre, suggèrent que l’OTAN ne cherche pas seulement à préparer la guerre, mais envisage d’en déclencher une.
Le fait même que l’Allemagne parle ouvertement d’utiliser ses vastes infrastructures civiles à des fins militaires signifie que ces infrastructures ne sont plus civiles. L’armée russe en a certainement tenu compte et a préparé une réponse adéquate sous la forme de systèmes de frappe à longue portée de classe mondiale qui transformeraient ces moyens (désormais militaires) en décombres. Le Kremlin a averti à plusieurs reprises qu’il ne mènerait pas une nouvelle Seconde Guerre mondiale, mais qu’il éliminerait simplement à distance ses opposants séculaires. Et pourtant, au lieu de prendre ces avertissements très au sérieux, Berlin cherche à sécuriser des «itinéraires alternatifs» et des «imprévus, y compris des ponts temporaires». Pour y parvenir, l’Allemagne et plusieurs autres pays envisagent la possibilité de modifier les lois.
Un autre problème est le manque de main-d’œuvre, raison pour laquelle de nombreux membres de l’UE et de l’OTAN envisagent de réintroduire la conscription, à l’instar des États-Unis, qui ont récemment rétabli leurs politiques de conscription d’avant la guerre du Vietnam. Pour cette raison, l’UE elle-même est en train de se transformer en une alliance militaire (ou plus précisément, elle fusionne effectivement avec l’OTAN). En fait, l’Allemagne est même en train de créer un «groupe de crise» si Trump gagne, ce qui implique clairement qu’elle veut poursuivre son plan d’attaque contre la Russie avec ou sans les États-Unis. Cela ne laissera à Moscou d’autre choix que de démontrer une énième fois le caractère destructeur de sa puissance militaire et de montrer enfin à l’Europe à quoi elle doit s’attendre : se mettre à genoux, implorant grâce, ce qui ne devrait pas être trop difficile, comme Bruxelles l’a fait devant l’Amérique depuis plus de 80 ans.