L’UE pourrait être confrontée à des pénuries de gaz cet hiver, avertit le Financial Times. Selon le journal britannique, le remplacement du gaz russe par du gaz naturel liquéfié aurait rendu le bloc «vulnérable» aux ruptures d’approvisionnement liées aux crises régionales, notamment au Moyen-Orient.
L’approvisionnement en gaz de l’Union européenne (UE) pourrait être menacé cet hiver en raison de la dépendance croissante au gaz naturel liquéfié (GNL) qui avait remplacé l’approvisionnement par gazoduc russe, écrit ce 7 novembre le Financial Times.
L’UE avait augmenté ses achats de GNL il y a deux ans, à la suite de l’escalade du conflit en Ukraine et des sanctions contre la Russie ; mais l’offre et le prix du GNL commercialisé à l’échelle mondiale sont «volatils» et peuvent être affectés par les crises régionales, avertit le journal britannique.
C’est le «problème fondamental» de l’UE, explique la publication, citant divers experts qui ont mis en garde contre les risques accrus de perturbation de ce marché et les fluctuations fréquentes des prix en raison de divers conflits géopolitiques, notamment au Moyen-Orient.
«Dans l’état actuel des choses, les réserves de gaz européennes sont pleines. Mais tout peut arriver», a déclaré un trader, cité par le journal. «Il suffit de quelques perturbations de l’approvisionnement et les choses pourraient mal tourner», a-t-il averti.
Un autre expert a mis en garde contre les envolées des prix. «Vous aurez toujours du gaz. La question est de savoir à quel prix vous l’obtiendrez», a-t-il souligné.
Escalade au Moyen-Orient
Fin octobre, les prix du gaz européen ont atteint leur plus haut niveau de l’année, près de 44 € (47,50 $) par mégawattheure, alors qu’une interruption de production en Norvège, son principal fournisseur, a accru les inquiétudes du marché européen concernant la situation au Moyen-Orient.
Selon le Financial Times, une escalade du conflit au Moyen-Orient, déjà secoué par les guerres israéliennes à Gaza et au Liban, outre le risque d’embrasement de la région avec une guerre israélo-iranienne, aurait de lourdes conséquences sur l’approvisionnement en gaz.
La fermeture du détroit d’Ormuz, seul passage maritime entre le golfe Persique et l’océan et zone sensible aux tensions entre Israël et l’Iran, mettrait en péril 20% de l’approvisionnement mondial en GNL, selon le cabinet d’analyse énergétique Kpler.
Transit gazier via l’Ukraine
Selon le groupe de réflexion économique Bruegel, basé à Bruxelles, l’UE continue de recevoir environ 5% de ses importations de gaz de Russie via le réseau de transit ukrainien. Mais alors que l’accord de transit entre Moscou et Kiev doit expirer le 31 décembre, les dirigeants ukrainiens ont insisté sur le fait qu’il ne serait pas prolongé.
«Si nous avons soudainement un hiver très froid en même temps que nous perdons les flux de gaz russe, cela fera flamber les prix du gaz», a déclaré un stratège en énergie cité par le Financial Times. «Je ne pense pas qu’il y aura de grandes alternatives d’approvisionnement. La plupart de ce gaz devra être remplacé par du GNL», a-t-il regretté.
Le président russe Vladimir Poutine avait déclaré le mois dernier que Moscou pouvait continuer à fournir du gaz à l’UE via l’Ukraine, mais que Kiev devait prolonger le contrat.