Qui n’a vu «Apocalypse now», le film de Coppola sur la guerre du Vietnam, qui a reçu la Palme d’orau Festival de Cannes de 1979 ? Ce que Marc Rogez en dit s’applique à toutes les guerres suivantes de l’empire, jusqu’à la guerre contre la Russie en Ukraine et bien sûr le génocide à Gaza : «Il me semble que ce grand film aborde de nombreux thèmes tels que la folie à laquelle conduit la guerre, la soumission des masses qui la font, l’absurdité des croyances et idéologies humaines mais surtout et avant tout le naufrage de la (soi-disant) civilisation (l’Amérique) et de toute l’humanité avec elle, dans la folie de sa propre barbarie. Il me semble que le film se termine sur une note d’optimisme, puisque le capitaine Willard refuse de prendre la place du tyran fou. Il a donc conservé une part d’humanité en rendant sa liberté à la communauté asservie.
Ce film n’est pas du tout un film de guerre. C’est un de ces chef d’œuvre dont on ressort pensif, silencieux et différent. Il en existe quelques-uns comme cela dans le cinéma mondial… Coppola a dit quelque chose de définitif sur cette guerre qui a sûrement mis un terme, pour ceux qui y croyaient, au mythe de l’Amérique».
Dimanche 1er juin 2025, Arte a diffusé «Né un 4 juillet», un film d’Oliver Stone, sorti en 1989, dans lequel Tom Cruise incarne Ron Kovic, un vétéran de la guerre du Vietnam, qui, après en être revenu paralysé à vie à 22 ans est devenu un militant pacifiste.
La guerre du Vietnam est la dernière guerre impérialiste occidentale qui a soulevé l’opposition déterminée des peuples occidentaux et notamment du peuple américain car, pendant cette guerre, 26 800 000 jeunes américains furent à un moment ou un autre susceptibles d’être appelés sous les drapeaux et 1 766 910 (appartenant principalement aux classes défavorisées) le furent entre aout 1964 et décembre 1972. En 1969, une enquête du pentagone révéla qu’il y avait 2 fois plus de morts parmi les appelés que parmi les militaires de carrière.
Depuis, les pays occidentaux ont tous mis en place des armées de métier, de sorte que les peuples occidentaux sont devenus indifférents aux guerres d’agression que mènent leurs dirigeants, avec leur argent mais pas avec leur sang, pour le compte de l’oligarchie mondialiste. La Yougoslavie, l’Irak, la Libye, le Soudan, la Syrie et j’en passe, ont été successivement attaqués et détruits par des pays de l’OTAN sans susciter de réaction.
Si le génocide à Gaza peut se poursuivre sans beaucoup d’opposition, c’est en raison des pressions inouïes qu’exerce le riche et puissant lobby sioniste sur les politiciens occidentaux. Mais en s’attaquant à la Russie, par l’intermédiaire de leur gouvernement proxy en Ukraine, les Occidentaux, dans leur orgueil et leur arrogance, ont commis une erreur magistrale. Poutine, qu’ils étaient sûrs d’écraser en trois mois, comme le rappelle Alexander Mercouris dans une vidéo intitulée : «L’obsession de l’allemand Mertz est de vaincre la Russie», a mis un coup d’arrêt à l’expansion de l’OTAN, et donc de l’hégémonie occidentale sur le monde, et a rallié le sud global à sa cause. Les dirigeants européens refusent de le voir, mais ils ont perdu la guerre en Ukraine et leur avalanche des sanctions contre la Russie s’est retournée contre leurs propres économies. Ne pouvant renoncer à une guerre sur laquelle ils ont misé leur crédibilité, ni vaincre la Russie par les armes, ils ont de plus en plus recours au terrorisme…
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Alexander Mercouris – Poutine adresse un sérieux avertissement à la Grande Bretagne
Dans cette vidéo postée sur leur site The Duran, Alexander Mercouris et Alex Christoforou analysent les causes, les acteurs, et les conséquences des trois opérations qui rendent si fiers le «T-Shirt vert», comme Sebastien Sas appelle Zelensky : l’explosion de deux ponts qui ont fait dérailler deux trains le 1er juin dernier, tuant 7 civils et en blessant 120 dont des femmes et des enfants, l’attaque contre le Pont de Crimée et la destruction ou plutôt les dégâts causés à quelques bombardiers nucléaires stratégiques couverts par l’article XII du traité START USA-Russie, par des drones amenés secrètement en camion à proximité de plusieurs aéroports de Russie.
Il semble, d’après les deux compères, que Poutine soit absolument furieux des attaques qui ont ciblé des civils. Il a dit, dans une réunion filmée, que l’État ukrainien était «graduellement en train de devenir un État terroriste». Si Poutine décide de qualifier l’Ukraine d’état terroriste, alors l’Opération militaire spéciale prendra une autre tournure, car elle deviendra une guerre contre le terrorisme et on a vu en Tchétchénie comment Poutine traite les terroristes.
Il est clair, selon Alexander Mercouris, que Trump a pris peur après ces attaques qui avaient certainement été préparées sous Biden et dont il n’avait sans doute pas compris toutes les conséquences. D’où son rapide coup de fil à Poutine pour nier toute implication étasunienne. Les États européens jurent aussi leurs grands dieux qu’ils n’ont rien fait. Mais chacun connait l’addiction des Britanniques à ce genre d’opération. Ces derniers croient encore que ce sont leurs opérations de sabotage qui ont changé le cours de la dernière guerre mondiale, alors qu’elles n’ont eu aucun impact. Mais ils adorent ça, tous leurs films le montrent et James Bond est leur idole. La Grande-Bretagne n’a pas d’armes ni de soldats pour aider l’Ukraine. Par contre, elle est passée maître dans l’art et la manière de mener des opérations de sabotage.
En tout cas, Poutine est certain que ce sont les Britanniques, probablement avec l’aide de la CIA, qui ont orchestré l’attaque contre les civils. Poutine a fermé les consulats britanniques en Russie, car il les considère comme des bases de leurs services secrets, et il incite ses alliés à faire de même.
Jacques Baud le confirme dans une vidéo intitulée «OTAN, MI6, CIA : Les guerres secrètes en Ukraine». Comme l’Ukraine ne parvient pas à atteindre ses objectifs par des moyens militaires, le pays «dégénère en une organisation terroriste», avec l’aide active des Britanniques et des Français, selon Poutine. D’ailleurs, depuis 2019, aucun dirigeant occidental n’a jamais condamné les actes de terrorisme ukrainiens commis contre la population russe. On sait que les services occidentaux, depuis 2014, forment des agents pour commettre des actes terroristes en Russie. On entend les mêmes expressions que pendant la seconde guerre mondiale, quand les Britanniques ont créé le fameux SOE, le Special executive operation, pour «mettre le feu à l’Europe (set Europe ablaze)» selon l’expression de Churchill. Aujourd’hui, les Britanniques ont réinstauré le SOE pour mettre le feu à la Russie…
Selon Xavier Moreau, la riposte de Poutine sera sans merci et ciblera des intérêts britanniques, sans doute par proxy interposé, dans le monde entier.
Emmanuel Todd – L’Occident a la prétention de détruire la Russie mais il ne détruit que lui-même
Dans une conférence qu’il a donnée à l’Académie des sciences de Russie le 23 avril 2025, sous le titre «Anthropologie et réalisme stratégique dans les relations internationales», Emmanuel Todd expose son analyse de la situation géopolitique actuelle qui découle de la défaite de l’Occident contre la Russie. (J’ai extrait et parfois recomposé des phrases du texte pour faire un résumé compréhensible de son intervention) :
«Les évènements de court terme sont très difficiles à prévoir, du fait notamment de l’imprévisibilité de Trump. Mais j’ai aujourd’hui une vision de moyen ou long terme très négative pour les États-Unis. Ce que nous vivons n’est que le début d’une chute des États-Unis et nous devons être prêts à voir des choses beaucoup plus dramatiques encore».
À l’opposé, on constate «une évolution économique satisfaisante de la Russie et une stabilité sociale car il existe toujours en Russie des valeurs régulatrices d’autorité, d’égalité, de communauté, qui assurent une cohésion sociale particulière».
«Mais ce n’est pas la victoire de la Russie que j’étudie dans mon dernier livre, c’est la défaite de l’Occident. Je pense que l’Occident se détruit lui-même».
«Le bellicisme de ces Européens qui ont perdu la guerre aux côtés des Américains et qui parlent maintenant de la gagner sans les Américains est quelque chose de très surprenant». À la différence des Européens qui s’enferment dans un déni agressif, les élites américaines ont conscience de la défaite militaire de l’OTAN en Ukraine, qui a révélé la fragilité de la puissance étasunienne. Cette défaite a entraînéune violente contre-révolution aux États-Unis. «Il y a du raisonnable dans la révolution Trump, mais il y a dans le comportement de l’administration Trump, un déficit de pensée, une impréparation, une brutalité, un comportement impulsif, non réfléchi, qui évoque le concept central de La Défaite de l’Occident, celui de nihilisme».
«L’effondrement d’un système est mental autant qu’économique. Ce qui s’effondre dans l’Occident actuel, et d’abord aux États-Unis, ce n’est pas seulement la dominance économique, c’est aussi le système de croyance qui l’animait ou s’y superposait. Les croyances qui accompagnaient le triomphalisme occidental sont en train de s’effondrer. Mais comme dans tout processus révolutionnaire, on ne sait pas encore quelle croyance nouvelle est la plus importante, quelle est la croyance qui va émerger victorieuse du processus de décomposition».
«Les nations européennes ont un fond stable car chacune est au fond, quelle que soit sa structure familiale, sa tradition religieuse, sa vision d’elle-même, une nation ethnique, au sens d’un peuple attaché à une terre, avec sa langue, sa culture, un peuple ancré dans l’histoire, la nation américaine est devenue, depuis la pulvérisation du groupe protestant, réellement post-ethnique, une nation purement «civique», en théorie unie par l’attachement à sa constitution, à ses valeurs. La crainte d’Amy Chua, est celle d’une réversion de l’Amérique à ce qu’elle appelle tribalisme. Une pulvérisation régressive».
Pour Amy Chua, aux États-Unis, en plus du problème socio-ethnique issu de l’esclavage, il y une opposition irréductible, quasi ethnique, entre les élites blanches éduquées citadines et la classe rurale laborieuse blanche. La preuve selon elle, ils ne se marient même plus entre eux. De plus, certains descendants d’émigrants sont aussi rejetés et renvoyés à leurs origines ethniques, notamment chinoises, pour des raisons politiques.
Et Emmanuel Todd de conclure «Ma crainte personnelle est que nous ne soyons, non pas du tout à la fin, mais seulement au début d’une chute des États-Unis qui va nous révéler des choses que nous ne pouvons même pas imaginer».
Le Roi danse – Ballet de la Nuit (1653) avec le Roi en soleil levant
Je finis de lire l’«Histoire de France»de Jacques Bainville et, grâce à lui, j’ai compris la différence entre les guerres de l’Ancien régime et les guerres menée par la gauche bourgeoise qui dirige la France depuis la révolution de 1789.
L’obsession des rois de France était de donner à la France des frontières sûres, c’est-à-dire les plus naturelles possible. Donc les Pyrénées, les Alpes, le Rhin et au nord des citadelles (dessinées par Vauban sous Louis XIV) dans la Hollande et la Belgique actuelles réunies à la France. Louis XIV y est parvenu, avant de reperdre la plus grande partie de ses conquêtes pendant la seconde moitié de son règne.
L’obsession de la Révolution menée par et au profit de la gauche bourgeoise était, et reste, d’obliger, par les armes, les autres peuples à adopter ce pourquoi elle a renversé l’Ancien régime : le marché libre (le profit) et les droits de l’homme. C’est un projet matérialiste, idéologique et impérialiste porté par un bellicisme fanatique qui a justifié et justifie toujours les pires exactions : les guerres de conquête, le colonialisme, le terrorisme, les changements de régime, la répression sanguinaire des opposants (La Terreur, la Commune, les Gilets jaunes, les Palestiniens occupés, etc.)
De tous les souverains de l’Ancien régime, Louis XIV est le seul à avoir régné seul. En effet, échaudé, enfant, par la Fronde, une révolte des Grands nobles qui avait failli lui coûter la vie, il n’a plus jamais voulu laisser son sort, ni le sort de la France, entre les mains de qui que ce soit d’autre que lui-même. Voltaire, dans son «Siècle de Louis XIV» souligne que «tout fut tranquille sous son règne». «Ce calme prolongé, ajoute Jacques Bainville, joint à l’absence d’invasions, rend compte du haut degré de civilisation et de richesse auquel la France parvint».
Le film «Le roi danse» de Gérard Corbiau 2000, s’ouvre sur un ballet magnifique que le musicien Jean-Baptiste Lully a composé pour le futur Louis XIV, à l’époque encore sous la coupe de sa mère, la régente Anne d’Autriche. Lorsque Louis prend le pouvoir en 1661, il nomme Lully surintendant de la musique. Ce dernier ne cessera de concevoir des chorégraphies pour magnifier le Roi, bientôt surnommé le roi Soleil…