Sionisme et Judéo-Nazisme

La seconde appellation a été remise à l’ordre du jour par le ministre des Affaires étrangères russe, Lavrov, au début de la guerre en Ukraine en 2022. Depuis, avec l’horreur génocidaire qui frappe Gaza (et de plus en plus la Cisjordanie), le bons sens l’acquiesce. Mais la formule a une origine antérieure. C’est un intellectuel israélien, disparu depuis, qui l’avait promue, Yeshayahu Leibowitz.

À l’occasion du génocide en cours à Gaza, un autre Israélien, installé au Danemark, le musicien Jonathan Ofir, l’adopte à son tour : «Avant, je pensais que le terme judéo-nazis utilisé par Yeshayahu Leibowitz était trop fort pour décrire Israël. Mais aujourd’hui, je pense différemment».1

Gilad Atzmon, lui aussi musicien et ex-Israélien, dénoncé comme «antisémite» par l’ADL pronostique la fin de ce colonialisme : «Jamais auparavant, la fracture démographique, politique, spirituelle et idéologique de la société israélienne n’avait été aussi éclatante… Le pouvoir de dissuasion d’Israël a été éradiqué à jamais».2

«Un pays libre pour tous à construire par les Palestiniens après la désintégration du projet sioniste» est le titre d’un rappel historique assez concis qui vient d’être publié par un autre (ex-) Israélien, Ilan Pape, professeur à l’Université d’Exeter (Royaume-Uni) «Quiconque est venu en tant que sioniste, qu’il espère trouver une terre vide ou qu’il soit déterminé à en faire une terre vide, a été enrôlé dans une société militaire de colons qui ne pouvait réaliser le rêve d’une terre vide que par la force pure. La population autochtone a décliné l’offre de «s’envoler vers d’autres pays», selon les mots de Théodore Herzl… Ceux qui sont restés dans la Palestine historique ont continué à prouver que la terre n’était pas vide et que les colons devaient recourir à la force pour atteindre leur objectif de transformer une Palestine arabe, musulmane et chrétienne en une Palestine juive européenne».3
Franco-sionisme à tous les étages

On peut commencer avec l’auteur ci-dessus, Ilan Pape, dont l’ouvrage «Le nettoyage ethnique de la Palestine» vient d’être retiré du catalogue des éditions Fayard. Mais la palme revient à l’actuel président français. Au cours d’un voyage en Algérie lors de sa campagne de 2017, Macron avait qualifié le colonialisme de «crime contre l’humanité». Parjure selon son attachée de campagne, Laurence Haïm, pour qui cette qualification devait être réservée aux juifs ! Le débutant en géopolitique n’avait pas tardé à réciter la leçon en présence de Netanyahou : «Nous ne céderons rien à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme».

Plus récemment Dominique de Villepin a été accusé d’antisémitisme par la quasi-totalité de la presse mainstream. Depuis, le site de critique des médias, Acrimed a fait une revue de presse assez exhaustive qui permettra à chacun de compléter ses listes. Sans oublier les commanditaires. Cette attaque constitue aussi un aveu implicite de la junte USioniste qui gouverne notre pays : alors que le sujet n’était pas dans l’interview de l’ex PM de Chirac, pourquoi se sont-ils aussitôt sentis désignés, eux ou leurs proches ? Ils confirment donc la sur-représentation de la population dite «juive» (en fait sioniste) à des postes de responsabilité dans les organes de propagande-culture alors qu’elle représente moins de 1% de la population selon ses propres critères ! Merci pour l’info.

L’ex-héroïne des charlistes car «anti-islamiste», Zineb El Rhazoui, a été la cible de Pécresse (la candidate anti-migrants du LR à 4,7% aux présidentielles) qui lui a retiré son «prix Simone Weil». Déclarations complètes de la victime : «Je vous rends votre Prix Simone Veil, car il est désormais entaché de sang». Voir aussi le commentaire d’Eric Verhaeghe avec la déclaration de Pécresse.

La basketteuse Emilie Gomis qui a eu le malheur d’exprimer son dégoût des crimes commis à Gaza a été «signalée» par l’ambassade bis d’«Israël» en France. Plus qu’un «signalement» c’est l’ordre donné à la ministre des sports de lui retirer sa charge d’ambassadrice JO 2024. La déclaration du chef sioniste, Yonathan Arfi est aussitôt reprise par la presse régionale :

Courrier Picard
Ouest France
Voix du Nord

On trouve parfois l’inverse : l’utilisation de sa «judéité» pour se victimiser ou masquer son incompétence, comme la covidiste Buzyn qui nous ressort l’«antisémitisme» des Gilets jaunes et des opposants aux vaccins prescrits. Voir aussi un historique sur E&R.
Gaza-Libye, émigration-immigration

Le carnage organisé en Palestine par l’occupant a clarifié les positions. L’horreur est telle que le sujet est minoré (à l’exception de la perpétuation des mensonges produits par l’occupant) à tel point qu’il faut maintenant s’informer sur des chaînes étrangères en plus des sites de réinformation : voir le bilan du génocide à J-74. Et quand le sujet est abordé, on envoie une ministre au Liban pour tenter de faire accepter au Hezbollah un repli demandé par Israël. L’autre initiative consiste à s’engager dans une coalition occidentale anti-Houthis pour que l’État d’apartheid ne soit pas privé de livraisons par la mer Rouge.

Dans l’hexagone le régime a décidé d’occuper la scène avec une nouvelle loi anti-migrants, ces gens qui viennent de pays dévastés par l’occident en particulier après la destruction de la Libye par le gang français : Sarkozy, Fillon, Juppé, Longuet. Pour l’émigration c’est l’inverse, les Français devraient se montrer solidaires des SS (soldats sionistes) qui assassinent enfants, médecins et journalistes palestiniens. Et quand un député LFI dénonce cette collusion il est menacé par l’ennemi.

La conjonction des deux phénomènes a permis au Rassemblement National de proclamer sa «victoire idéologique», ce qui n’est pas usurpé. Le RN est issu du FN lui-même constitué à partir de divers groupes pétainistes, néo-fascistes parfois nostalgiques du 3ème Reich et souvent judéophobes (dit improprement «anti-sémites») orientant progressivement à la faveur de la guerre d’Algérie leur racisme vers les «musulmans».

En Palestine les colons israéliens sont aujourd’hui très largement favorables à la politique du régime selon un sondage commenté début décembre par Alastair Crooke, un ancien ambassadeur britannique devenu indépendant et installé dans la région. «Il n’y a aucune base, a noté le directeur, dans son sondage d’opinion, pour soutenir un cessez-le-feu ou une solution politique. Pour l’opinion publique israélienne, il ne peut y avoir de stabilité tant que le Hamas n’est pas éradiqué». Et de citer Netanyahou : «ll n’y a que moi qui puisse empêcher un État palestinien de voir le jour à Gaza, en Judée ou en Samarie… Il n’y aura jamais d’État palestinien… Je dirige non seulement au nom de l’histoire juive, mais aussi de la civilisation occidentale». On sait aussi qu’il n’y a plus du tout de «libéraux» à la tête du régime d’occupation.

In fine, la question soulevée initialement, semble trouver sa réponse. Si à la fin du XXe siècle Leibowitz et d’autres pouvaient encore se considérer sionistes tout en condamnant un «judéo-nazisme», aujourd’hui la réponse est sans ambiguïté. Soit les Palestiniens seront déplacés ou exterminés faute d’une opposition internationale à l’empire d’Occident, soit ce dernier capitulera et alors le sort des colons s’apparentera à celui des Pieds Noirs (approuvant l’OAS) plutôt qu’à celui des Afrikaners après la libération de Mandela et la fin de l’Apartheid. On comprend donc que les opposants juifs, Israéliens ou non, assimilent aujourd’hui le sionisme à un judéo-nazisme.

Conséquence : pour ceux qui en France se considèrent comme «juifs» (ou peuvent être ainsi désignés par leur ascendance maternelle, cas de votre serviteur) le silence n’est pas une option. Le niveau d’opposition à ceux qui ont pris le parti de l’oppresseur sioniste est très inférieur à ce qu’il est aux États-Unis ou au Royaume-Uni, notamment dans la jeunesse juive. «Not in my Name» est facile à traduire en prenant position pour l’opprimé.

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