« Avec la Primaire populaire, la guerre entre la base et le sommet est manifeste »

De la convention citoyenne pour le climat à la Primaire populaire de la gauche, les initiatives se multiplient pour donner du pouvoir aux citoyens face à un système représentatif en crise. Les résultats sont plutôt inquiétants, observe Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Chronique. Le quinquennat qui s’achève restera marqué par une grave crise de la démocratie représentative. Tout ce qui constitue la représentation nationale et les corps intermédiaires est l’objet d’une sourde défiance. Le nombre d’élus conspués, voire violentés, ne cesse d’augmenter. Les organisations syndicales ont le plus grand mal à peser dans le débat public et sur la politique gouvernementale parce qu’elles ne parviennent plus à recruter massivement : à peine un salarié sur dix adhère à un syndicat en France, la proportion est encore plus faible si l’on considère le seul secteur privé.

Les parlementaires souffrent de voir leur marge de manœuvre contrainte par la présidentialisation du régime. Les partis politiques sont devenus si faibles qu’ils ne sont plus capables de faire correctement ce pour quoi ils ont été créés : entretenir le lien avec les militants, produire des idées, sélectionner un leader. Même les mouvements qui, comme En marche !, prétendaient en 2016 se construire autrement, en collant aux attentes des Français et en adoptant un mode de gestion très souple, ont du mal, hors campagne présidentielle, à entretenir la flamme militante.

Il n’est donc guère étonnant qu’à tâtons, des expérimentations soient menées ou que des initiatives jaillissent brusquement pour redonner du pouvoir au citoyen, le propulser au centre du jeu démocratique et tenter ainsi de combler le fossé entre la base et le sommet.

La convention citoyenne pour le climat, lancée par le président de la République au lendemain du mouvement des « gilets jaunes », constitue l’expérience la plus aboutie en matière de démocratie participative et délibérative. Eclairés par des experts, cent cinquante citoyens tirés au sort ont débattu d’octobre 2019 à juin 2020 au siège du Conseil économique social et environnemental pour faire émerger des solutions visant, « dans un esprit de justice sociale », à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030.

Conflit de légitimité

L’aspect délibératif a été un succès indéniable. Comme le notent Thierry Pech et Clara Pisani-Ferry, membres du comité de gouvernance de la convention, dans un rapport de Terra Nova publié le 7 décembre 2021, l’expérience a montré que « les citoyens sont capables, moyennant une méthodologie et des procédures parfois sophistiquées, d’assimiler les informations fondamentales d’un sujet complexe, de répondre à une question largement ouverte et de faire des propositions applicables, proches dans leur formulation de véritables textes de loi ».

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