Ré-initialisation du monde à Davos contre spiritualité : La lutte finale ?

« Il faut prendre l’argent aux pauvres, d’accord, ils ne sont pas riches, mais ils sont nombreux. » (Alphonse Allais)

« Quand les blancs sont venus en Afrique, nous avions la terre et ils avaient la Bible. Ils nous ont demandé de prier avec les yeux fermés ; quand nous avons ouvert les yeux, les blancs avaient la terre et nous avions la Bible. » (Jomo Kenyatta ancien président du Kenya)

Résumé

La ville de Davos est connue pour accueillir chaque année le World Economic Forum, (WEF), réunion des dirigeants de la planète et des élites économiques. C’est un haut lieu de lobbying, de business, une tradition devenue un rituel. Vous pouvez venir en jet privé pour parler de la pollution. Ainsi Lors de l’édition 2020, près de 1500 participants arrivent à bord de jets privés. Comment améliorer l’état du Monde (« Improving the state of the world ») Accessoirement on laisse s’exprimer des ONG pour témoigner de l’ouverture intellectuelle, l’essentiel se décidant ailleurs C’est lors de la zerda (grande bouffe) à Davos que l’état du monde se décide ! Le tout est de savoir de quel monde on parle !

Depuis la fin du XIXe siècle, le néo-libéralisme a surfé sur une science de plus en plus détachée de la dimension spirituelle de l’homme. Ainsi le savoir au sens large, a été mené sous l’aspect d’un système de croyances ou d’une vision du monde, qui est essentiellement matérialiste. « Je ne crois pas à autre chose qu’à la science ». De ce fait, l’homme dépouillé de sa dimension éthique et spirituelle n’est plus qu’une marchandise, un consommateur ; et à terme un code barre avec des réflexes pavloviens. Nous exposerons une autre dimension de l’homme qui est celle d’une humanité apaisée avec un équilibre entre l’être et l’avoir.

Introduction

Cet événement réunit des PDG de multinationales, des banquiers, et des responsables politiques. Environ 3000 personnes participent à cet événement de cinq jours. Les discussions traitent de questions clés de portée mondiale (telles que les conflits internationaux, la pauvreté et les changements climatiques et les grandes ruptures à mettre en place telle que la ré-initialisation (reset du monde post covid) et des différentes solutions possibles. En clair Davos est une enceinte parallèle à celle des Nations unies. Klaus M. Schwab le gourou convoque le gratin de la finance de la puissance et les pays qui comptent pour venir débattre à Davos à en moyenne avec un ticket d’entrée entre 40 000 et 200 000 dollars.

Dans un rapport sur les risques mondiaux en 2023, les experts du Forum nous font peur en présentant 2023 sous un jour funèbre : « C’est l’année de la polycrise, où les risques sont plus interdépendants et réciproquement dommageables que jamais. Nous sommes à court de mots pour décrire ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. L’atténuation intégrée et immédiate est plus critique alors que nous sommes confrontés à certaines des conditions géoéconomiques les plus difficiles depuis une génération »… Saadia Zahidi, directrice générale du Forum économique mondial, prévient : « Le climat et le développement humain doivent être au cœur des préoccupations des dirigeants mondiaux, alors même qu’ils luttent contre les crises actuelles. La coopération est la seule voie à suivre »1.

Des riches toujours plus riches, et des pauvres encore plus… pauvres

Selon une étude d’UBS, les milliardaires chinois, ont cumulé 2000 milliards de dollars entre fin mars 2021 et fin mars 2022. Les milliardaires russes 326,9 milliards de dollars. Les milliardaires de l’Inde ont cumulé, 749,8 milliards de dollars. Aux États-Unis, où se concentrent un tiers des milliardaires dans le monde, leur fortune cumulée est de 4700 milliards de dollars. La fortune des milliardaires européens a été de 2300 milliards de dollars sur la même période. Au total, l’étude dénombrait 2668 milliardaires pour 10 000 milliards de dollars.

Selon la déclaration de l’ONG Oxfam à Davos « Près de la moitié des richesses mondiales pour 1% les plus riches, tandis que 99% de la population mondiale se partagent l’autre moitié « sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1% le plus aisé, tandis que 70 centimes ont profité aux 50% les moins fortunés ». En France, selon les calculs d’Oxfam, cinq milliardaires français sur six se sont enrichis depuis le début de la pandémie. « « Abolir » les milliardaires et, avec eux, « les inégalités économiques (qui) ont atteint des niveaux extrêmes et dangereux » : « Les milliardaires ont doublé leur fortune, tout en étant de plus en plus nombreux » »2.

La Grande réinitialisation promise

Tout le monde s’accorde à dire que plus rien ne sera comme avant. Comment le Covid-19 dont on ne sait toujours pas comment la pandémie est arrivée est parvenu à bloquer chez eux la moitié de la planète remodèlerait-il notre société et nos vies dans les années et décennies à venir ? Les auteurs de « The Great Reset » partent du constat que les grandes crises historiques ont chaque fois été à l’origine d’un changement profond de société. Pour eux il faut profiter de la pandémie pour repenser le monde. Certainement pas à l’image non pas des besogneux mais des puissants même s’il faut détruire l’économie et les petits commerces, et affaiblir l’État-Nation et, imposer un suivi personnalisé des citoyens.

La vie idyllique dans un monde vert, gentil, de la 4ème révolution industrielle Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, avance que dans un monde post-Covid « vert » il n’est pas nécessaire de posséder. D’une façon imaginaire, il décrit un monde où il n’est pas nécessaire d’avoir. Tout peut se partager. Cette mutualisation est une nouvelle façon de vivre dans un monde post-carbone. Il promet le bonheur sur ordonnance l’abondance la frugalité et le contrôle de chacun nous pour un suivi personnalisé. Il promet un monde utopique : « Vous ne mourrez pas en attendant un donneur d’organes. Ils seront réalisés par des imprimantes 3D (…) l’individu n’a plus de challenge ni de cause ni d’ambition. Il se laisse porter par le système qui met tout à sa disposition, à charge pour lui d’obéir et d’être numérisable, traçable. En fait le vrai message est celui d’un reformatage du monde avec la disparation des États-Nations pour n’avoir que des consommateurs sous influence tant qu’il ont des dollars. « La grande réinitialisation est la confirmation que nous devons considérer cette tragédie humaine comme un signal d’alarme »3.

La face cachée du forum de Davos

De simple réunion informellele forum de Davos s’est peu à peu transformé en club planétaire de riches et puissants, accusés de défendre un modèle économique qui les avantage : « Il est l’incarnation d’un impérialisme économique. Réseau de dirigeants organisés pour conforter la mondialisation, le forum mise sur les dirigeants d’entreprises au détriment du rôle des États. Il œuvre à affirmer la légitimité d’une nouvelle « gouvernance globale » ». Le Forum économique mondial, comme le G7, constituent des instances non élues, et qu’elles représentent non pas les intérêts de la population mondiale mais seulement des très grandes entreprises, des banques et des États les plus riches »4.

À Davos, des manifestants protestent régulièrement contre la réunion des « nantis dans la neige » (fat cats in the snow), selon les termes du chanteur de rock Bono. Plusieurs participants racontent leur déception. David Rothkopf il a été ministre de Bill Clinton. Il a été invité pendant des années. Il juge : Combien Davos est tellement peu représentatif de ce monde que il prétend vouloir améliorer. Il y a très peu de femmes ici. Une femme invitée pour 5 hommes. Les pays émergents sont peu représentés. Et si jamais ils le sont, c’est par des millionnaires et milliardaires qui dirigent des multinationales. Nombre d’entre eux sont des véritables requins qui n’évaluent les personnes en face d’eux que en terme de comment ils peuvent les utiliser pour s’enrichir davantage. On croise d’incroyables pourris »5.

« En 2022, Rana Forohaar, chroniqueuse du Financial Times écrit : Je reviens du Forum de Davos avec le sentiment que les 0.1% sont encore plus déconnectés de la réalité que jamais auparavant. On a discuté de la crise climatique en mangeant du bœuf »[7].

L’utopie de Porto Allegre au Brésil avec le président Lula

On se souvient qu’à la fin du mois de janvier 2001, s’était tenu pour la première fois, l’anti-forum de Davos à Porto Alegre au Brésil du président Lula « Le Davos des Pauvres » regroupe principalement ceux qui sont contre une mondialisation-laminoir héritage d’une spoliation dont parle avec humour Jomo Kenyatta. Un certain nombre d’objectifs à atteindre parmi lesquels on peut citer l’instauration de la taxe Tobin, l’abolition de la dette des pays pauvres, la suppression des paradis fiscaux, la « réforme profonde de l’OMC » et des institutions financières internationales Le forum de Porto Allegre a sombré. Pourtant l’un de ses animateurs Lula revient au pouvoir à partir du 1er janvier 2023. Pour rappel : « Pendant sa présidence, Lula met en place des programmes sociaux d’importance – notamment la Bolsa Família et Fome Zero –, améliore sensiblement la situation économique du pays et s’implique dans les questions internationales. En 2003, Lula lance la « Bolsa Família ». En 13 ans d’existence du programme 43 millions de Brésiliens en bénéficieront Il met en place le programme Fome Zero (« Faim zéro »), qui permet aux familles indigentes l’accès aux produits alimentaires de base, par le biais d’aides sociales »6.

Le monde Occidental déclare la guerre à la Russie qui tient à sa spiritualité

Dans cet ordre, les États-nations seront de plus en plus sur le pied de guerre. La contribution suivante a le mérite d’être sans appel : La domination américaine est terminée. D’ici 2030, nous aurons une poignée de puissances mondiales. Pour Fukuyama, le nouvel ordre mondial sous gouvernance mondiale sonnait le glas des États-nations. Cela ne se passe pas comme ll l’a prédit et même reconfirmé trente ans après avec des nuances mais toujours avec l’impérialisme américain comme vaisseau amiral. La guerre en Ukraine est en train de rebattre les cartes. Plusieurs scénarii sont en action d’abord, celui de l’Occident qui veut continuer à régenter le monde alimentant la guerre par Otan imposé il pense battre la Russie et s’occuper ensuite de la Chine. Tout en montrant des fissures, le règne de quatre siècles de l’État-nation a amorcé son déclin inexorable. Loin de connaître un déclin du hard power, les grandes États-nations renforceront régulièrement leurs capacités militaires en vain. Leur défaite est programmée car c’est sur une voie sans issue de la matérialité qu’ils foncent.

L’insurrection des consciences

Percevons-nous réellement l’étendue des dangers qui nous guettent. En fait, tous les vœux pieux sont entachés de suspicion ! Souvenons-nous des slogans de rédemption. Après, nous faire le chant de l’écologie, du réchauffement climatique, de la pollution et de la préservation des espèces… Les tenants du pouvoir y tiennent plus que jamais. Accepterons-nous d’être transformés en cyborgs connectés pour être des sujets-esclaves consentants pendant que les 1% qui possèdent 50% de la richesse mondiale inventent des scénarios pour durer ? Nous sommes assignés à résidence sur la Terre que nous avons abîmée par notre boulimie destructrice en créant de la misère pour les quatre cinquièmes de la planète. Peut-être qu’il faille, encore une fois, en appeler à une insurrection des consciences pour l’avènement d’un monde meilleur.

Dans ce cadre la lutte permanente entre l’Être et l’Avoir a été une préoccupation majeure des penseurs. De nos jours dans les pays occidentaux c’est un fait que le matérialisme promis par le néo-libéralisme fait de chacun de nous des consommateurs sous influence nous finissons par oublier notre vraie nature. L’Occident a graduellement valorisé presque uniquement le succès matériel. C’est d’après sa façon d’équilibrer sa vie intérieure et extérieure que l’homme s’accomplit. Dans cette situation un maitre mot : La sobriété. Il est donc sage de travailler à harmoniser notre vie intérieure et notre vie extérieure. Un verset du coran nous invite : « La tansa nassibaka min addounia » « N’oublie ta part de la la jouissance de la vie l’être humain dans sa globalité. »

Dans le même ordre, le passage de l’écrivain Patrick Buisson chez Apolline de Malherbe, sur BFM en mai 2021 mérite d’être rapporté. L’ancien gourou de Sarkozy a répondu aux questions de la journaliste de BFM dans un interview policier « J’ai plus de respect pour une femme voilée que pour une lolita en string » et « J’ai plus de respect pour un musulman qui fait sa prière cinq fois par jour que pour les bobos écolos à trottinette ». C’est qu’on ne fait pas société, qu’on ne fait pas communauté sans religion, Pour Buisson, la religion, c’est les murs porteurs d’une civilisation. Retirez-les, c’est l’édifice qui s’effondre. Pouvons-nous faire communauté sans sacré partagé ? Sinon en réveillant en nous le feu sacré. Dévotions, nous ne nous reconnaîtrons ni dans l’un ni dans l’autre. La vérité, c’est qu’on ne peut pas être contre l’Islam et pour l’immigration. Patrick Buisson invite, à une réforme intellectuelle et morale : Patrick Buisson estime que « L’Islam n’est que le miroir de nos insuffisances et de nos démissions »7.

Le déclin de l’Occident selon Soljenitsyne

Dans le même ordre, de cet abandon de la dimension spirituelle de l’homme au « profit éphémère » de sa dimension matérielle attisé par un néolibéralisme qui oblige l’homme à voler d’ersatz en ersatz de iphone en Nike en 4×4 pour les plus nantis côté des damnés de la Terre qui suent sang et eau pour tenir la tête hors de l’eau. Alexandre Soljenitsyne lui aussi s’est insurgé contre le mode de vie occidental. Sa conférence à la cérémonie de remise des diplômes de l’université Harvard est un plaidoyer pour une vie dans sa double dimension matérielle et spirituelle : Après avoir dénoncé le « déclin du courage » et le « culte du bien-être matériel » qui sévit en Occident, Soljenitsyne s’est écrié : « vos écrans et vos publications sont pleins de sourires de commande et de verres levés. De quoi se réjouit-on ? » L’écrivain s’en est pris tout particulièrement à la presse, qui, tout en devenant « la puissance principale dans les pays occidentaux », vit sous le signe du « slogan fallacieux » selon lequel « chacun a le droit de tout savoir ». « Les hommes ont aussi le droit de ne pas savoir, a-t-il dit, le droit pour leur âme créée par Dieu de n’être pas encombrée de bavardages, de stupidités et de banalités ». Soljenitsyne n’a pu que rejeter ce « modèle » : « Non, je ne pourrais recommander votre société sous sa forme actuelle comme un modèle à suivre pour la transformation de la nôtre. Un fait incontestable est l’affaiblissement des êtres humains à l’Ouest, dans le même temps qu’ils deviennent à l’Est plus fermes et plus forts »8.

« Le déclin du courage écrit Alexandre Soljenitsyne est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui. Le monde occidental a perdu son courage civique. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante (…) Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant coureur de la fin ? »9.

« (..) le désir permanent de posséder toujours plus et d’avoir une vie meilleure, et la lutte en ce sens, ont imprimé sur de nombreux visages à l’Ouest les marques de l’inquiétude (…) Cette compétition active et intense finit par dominer toute pensée humaine et n’ouvre pas le moins du monde la voie à la liberté du développement spirituel. L’indépendance de l’individu à l’égard de nombreuses formes de pression étatique a été garantie il est devenu possible d’élever les jeunes gens selon ces idéaux, de les préparer et de les appeler à l’épanouissement physique, au bonheur, au loisir, à la possession de biens matériels, l’argent, les loisirs, vers une liberté quasi illimitée dans le choix des plaisirs. Quand la vie est tout entière tissée de relations légalistes, il s’en dégage une atmosphère de médiocrité spirituelle qui paralyse les élans les plus nobles de l’homme (…) »[12].

Un refus net de l’auteur : « Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne. Mais le combat pour notre planète, physique et spirituel, un combat aux proportions cosmiques, n’est pas pour un futur lointain ; Pourquoi toute cette joie ? Comment l’Ouest a-t-il pu décliner, de son pas triomphal à sa débilité présente ? Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident, née à la Renaissance, à partir des Lumières. Elle est devenue la base da la doctrine sociale et politique et pourrait être appelée l’humanisme rationaliste (…) On peut parler aussi d’anthropocentrisme : l’homme est vu au centre de tout. Mais en s’écartant de l’esprit, l’homme s’empara de tout ce qui est matériel, avec excès et sans mesure. Voilà qui engagea la civilisation occidentale moderne naissante sur la pente dangereuse de l’adoration de l’homme et de ses besoins matériels »[12].

« Tous les autres besoins humains, caractéristiques d’une nature subtile et élevée, furent rejetés (…) Plus de liberté en soi ne résout pas le moins du monde l’intégralité des problèmes humains, et même en ajoute un certain nombre de nouveaux. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. Si l’homme, comme le déclare l’humanisme, n’était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n’en devient que plus spirituelle par l’accomplissement d’un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devienne l’expérience d’une élévation avant tout spirituelle »[12].

« Il est impératif conclut Alexandre Soljenytsine que nous revoyions à la hausse l’échelle de nos valeurs humaines. N’y a-t-il aucun esprit supérieur au-dessus de lui ? A-t-on le droit de promouvoir cette expansion au détriment de l’intégrité de notre vie spirituelle ? Si le monde ne touche pas à sa fin, il a atteint une étape décisive dans son histoire, semblable en importance au tournant qui a conduit du Moyen-âge à la Renaissance. Cela va requérir de nous un embrasement spirituel. Notre ascension nous mène à une nouvelle étape anthropologique. Nous n’avons pas d’autre choix que de monter … toujours plus haut »[12].

Vladimir Poutine que l’Occident veut crucifier résiste aussi par le fait qu’il n’abandonne pas sa dimension spirituelle. Il a déclaré une trève fin décembre qui a été tourné en dérision. Il serait influencé par la vision du monde de Alexandre Soljenitsyne qui a connu le goulag mais malgré son exil ne s’est jamais fondu totalement dans le moule de la société occidentale

Les exemples qui nous inspirent

À l’autre bout de la réalité ultime il nous plait de citer des exemples de dirigeants qui ont compris le sens de leur devoir et comment ils voient leur passage sur Terre. José Mujica Cordano, surnommé Pepe Mujica, est un homme d’État uruguayen. Ex-guérillero des Tupamaros (…) le 29 octobre 2009, Mujica est élu président ; Mujica se distingue par son mode de vie, très éloigné du faste habituel. Il conserve l’équivalent du salaire moyen en Uruguay (environ 900 euros par mois) et reverse 87% (9400 euros) de son salaire à des organismes d’aide au logement social. Délaissant le palais présidentiel, il habite la petite ferme de son épouse, en dehors de Montevideo. Il continue à y cultiver des fleurs avec son épouse, à des fins commerciales. Le couple présidentiel bénéficie de la protection de deux policiers. « Il se déplace toujours dans sa coccinelle Volkswagen achetée en 1987 »10.

« Je suis, déclare-t-il, un genre de paysan, qui adore la nature… et j’ai dédié une part importante de ma vie à essayer d’améliorer la condition sociale du monde dans lequel je suis né. En ce moment, je suis président, je fais quelques trucs, et je dis merci à la vie. J’ai eu quelques déconvenues, de nombreuses blessures, quelques années en prison… J’ai passé, plus de 10 ans de solitude dans un cachot, dont 7 ans sans lire un livre. J’ai eu le temps de penser et voilà ce que j’ai découvert : soit tu parviens à être heureux avec peu, sans bagages, parce que ce bonheur est en toi, soit tu n’accompliras rien. Ce n’est pas l’apologie de la pauvreté, mais celle de la sobriété. Nous avons inventé une société consumériste, nous avons inventé une montagne de besoins superficiels mais ce que l’on dépense vraiment, c’est notre temps de vie. (…) Il faut être reconnaissant parce que être vivant est un miracle, je ne me sens pas pauvre. Les pauvres ce sont ceux qui en veulent toujours plus… »[13]

Dans un discours poétique à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2013, Mujica dénonce la société de consommation. Il déclare : « Nous avons sacrifié, les vieux dieux immatériels et occupons le temple avec le dieu argent. Si l’humanité aspirait à vivre comme un Nord-Américain moyen trois planètes seraient nécessaires. « Nous ne pouvons pas, continuer, indéfiniment, à être gouverné par les marchés ; nous devons gouverner les marchés. Je vous pose la question. Est-ce que c’est cela la vie ? Le développement ne doit pas être opposé au bonheur. L’amour de la terre, les relations humaines, prendre soin de ses enfants, de ses amis. Et avoir bien entendu le minimum vital. Précisément parce que le Bonheur est le trésor le plus précieux que nous ayons, et l’un des piliers de notre bien-être »[5].

Conclusion

En son temps, Margaret Thatcher martelait « There Is No Alternative ! » (TINA) « il n’y a pas d’autres alternatives au libéralisme ». Dans ce monde, il y a toujours des gagnants dans une « économie casino ». L’ambition discrète de la mondialisation, c’est la destruction du collectif. Bourdieu constate que l’État-nation, garant du bonheur des citoyens- recule et abdique ses prérogatives il écrit : « Historiquement, l’État a été une force de rationalisation, mais qui a été mise au service des forces dominantes. Pour éviter qu’il en soit ainsi, il ne suffit pas de s’insurger contre les technocrates de Bruxelles ». « Il faudrait inventer un nouvel internationalisme (…) Il s’agirait de construire des institutions qui soient capables de contrôler ces forces du marché financier, d’introduire- les Allemands ont un mot magnifique – un Regrezionsverbot, une interdiction de régression en matière d’acquis sociaux à l’échelle européenne. (…) En fait, la force de l’idéologie néolibérale, c’est qu’elle repose sur une sorte de néo-darwinisme social : ce sont « les meilleurs et les plus brillants », comme on dit à Harvard, qui triomphent »11.

Il s’agirait, de proclamer avec force que l’argent ne fait pas le bonheur, qu’il y a autre chose dans la vie que l’accumulation de biens matériels. Des couches sociales qui, de plus en plus larges, peinent à joindre les deux bouts, qui n’ont d’autre choix que mal manger, mal se vêtir et mal se loger. Il ne faudrait plus « maximiser » la croissance, mais le bien-être et le bonheur. Avec raison en 1997, Pierre Bourdieu se posait la question « des coûts sociaux de la violence économique et avait tenté de jeter les bases d’une économie du bonheur »[14]. Tout est là.. C’est pour le moment une guerre de position entre duex visions du monde. mais une lutte finale s’engage entre le partage du Monde qui caractérise un Occident sûr de lui et toujours dominateur même s’il est sur le déclin et l’émergence inéluctable d’un Monde du partage où les peuples peuvent vivre en paix en revendiquant d’autres valeurs tel que le Bonheur Intérieur Brut au lieu et place du Produit Intérieur Brut..

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