Contre le terrorisme intellectuel à la Sorbonne

La Sorbonne fait parler d’elle un peu plus chaque année. Championne du woke, sa décadence est de plus en plus décriée.

Il est des noms mythiques. Il est des noms que nul ne peut ignorer. Il est des noms vis-à-vis desquels l’Histoire elle-même se montre reconnaissante. Il est des noms reconnaissables entre tous. La Sorbonne en fait incontestablement partie tant celle-ci rayonne en France et à travers le monde. La Sorbonne, hélas, n’est plus uniquement célébrée pour sa grandeur. Elle est de plus en plus décriée pour son intolérance vis-à-vis de ceux qui n’adhérent pas à la vulgate prêchée dans ses locaux. Vulgate non plus biblique, tant s’en faut, mais progressiste, bien-pensante, laquelle est, bien entendu, dans l’ère du temps.

Les victoires du camp du bien

Première victoire du camp du bien. Le lundi 25 mars 2019, la pièce d’Eschyle, célèbre dramaturge grec, Les Suppliantes, ne peut être jouée dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne. Les comédiens sont empêchés de rentrer pour se préparer et le public est maintenu dehors par des individus sinistres accusant la mise en scène de racisme. Est en cause le fait que les personnages, conformément aux pratiques du théâtre antique, arborent des masques. Certains sont noirs. Il n’en faut pas plus pour que les militants zélés d’associations communautaires se révoltent contre ce qu’ils perçoivent comme de la ségrégation raciale. Que des déguisements, prétendument raciaux, soient arborés par des Européens constitue pour ces vaillants soldats de l’antiracisme des attaques, des moqueries vis-à-vis des Noirs. Cet incident, en plus de témoigner d’un manque criant de culture classique, démontre l’influence croissante des thèses racialistes visant à faire des Européens les grands méchants de l’Histoire au sein de ce qui constituait jadis le creuset de l’élite intellectuelle française. Quelle décadence !

Deuxième victoire du camp du bien. Le 21 octobre 2019, le président de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, Georges Haddad, suspend le séminaire intitulé « Prévention de la radicalisation : compréhension des phénomènes et détection des signaux faibles » que devait dispenser son établissement. Face à la levée de boucliers d’une partie de la communauté universitaire, la Sorbonne s’est donc soumise. Raison invoquée ? « Une offensive islamophobe ! » tel que l’assène le syndicat d’extrême-gauche le Poing Levé. Une telle formation servirait de « fondement à la stigmatisation et à la répression des populations musulmanes. » En conséquence, évoquer l’islam, dans un cadre critique est immédiatement considéré comme une attaque vis-à-vis des musulmans. Quand bien même l’un des principaux intervenants, Mohamed Sifaoui, appartient à cette communauté, cet évènement n’en demeure pas moins haineux, discriminant et même raciste ! Qu’est-ce que cela illustre ? La présence, inquiétante par sa puissance, d’une frange islamo-gauchiste au sein de la communauté universitaire qui peut assez aisément déprogrammer un colloque prévu de longue date.

Troisième victoire du camp du bien. Le mardi 29 septembre 2020, des étudiants s’excitent, Twitter s’indigne, des vidéos circulent, des bien-pensants s’offusquent. Pourquoi ? Aram Mardirossian, professeur d’histoire du droit et des institutions à Paris I Panthéon Sorbonne aurait tenu des propos homophobes et « transphobes » – un terme qui n’existe pas dans la langue de Molière – devant ses étudiants. Qu’a donc dit l’outrecuidant ? En évoquant l’émancipation de l’homme de la tradition, notamment religieuse, le professeur expliquait à ses ouailles que la société repousse sans cesse les limites sociales et juridiques autrefois établies par les différents dogmes abrahamiques lesquels ont fondé la civilisation européenne. Il citait donc, tout naturellement, la légalisation du mariage entre les personnes de même sexe, en poursuivant ensuite sa démonstration par une prospective que d’aucuns jugeraient polémique sur le mariage inter-espèce, lequel participe lui aussi à la logique d’émancipation de l’homme vis-à-vis des carcans traditionnels. Ce troisième cas illustre le recul criant, face à la pression des associations représentant la communauté LGBT, de la liberté académique laquelle est pourtant garantie constitutionnellement depuis la décision « Enseignement supérieur » rendue par le Conseil Constitutionnel le 20 janvier 1984.
La liberté d’expression en déclin

Ces trois affaires, prises cumulativement, démontrent la soumission de la Sorbonne, la meilleure université française, au racialisme, à l’islamo-gauchisme et aux thèses des LGBT ou du genre. Elles affirment également le déclin de la liberté d’expression. Celle-ci ne s’éprouvant que lorsqu’elle protège des propos que d’aucuns qualifieraient d’indésirables comme l’a jugé la Cour européenne des Droits de l’Homme dans son célèbre arrêt « Handyside c. Royaume-Uni » du 7 décembre 1976 : « l’expression protégée ne vise pas seulement les informations accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi celles qui heurtent, choquent, ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels, il n’est pas de société démocratique ».

Le 8 juin 1978, Alexandre Soljénitsyne, mettait déjà en garde les occidentaux contre la tyrannie de la bien-pensance au sein des universités : « Sans qu’il y ait besoin de censure, les courants de pensée, d’idées à la mode sont séparés avec soin de ceux qui ne le sont pas, et ces derniers, sans être à proprement parler interdits, n’ont que peu de chances de percer au milieu des autres ouvrages et périodiques, ou d’être relayés dans le supérieur. Vos étudiants sont libres au sens légal du terme, mais ils sont prisonniers des idoles portées aux nues par l’engouement à la mode. Sans qu’il y ait, comme à l’Est, de violence ouverte, cette sélection opérée par la mode, ce besoin de tout conformer à des modèles standards, empêchent les penseurs les plus originaux d’apporter leur contribution à la vie publique et provoquent l’apparition d’un dangereux esprit grégaire qui fait obstacle à un développement digne de ce nom. »

Enfin, il est à souligner que ces trois exemples sont loin d’être exhaustifs et qu’ils ne sont en définitive que la face visible de l’iceberg tant la réelle censure règne déjà depuis longtemps parmi les étudiants de la Sorbonne où sont bien vite mis au ban de la communauté étudiante les « mal-pensants ». Forçant ainsi les étudiants récalcitrants à la prostitution intellectuelle, ou au regroupement au sein d’associations pour pouvoir résister au terrorisme intellectuel victimaire dont la gauche s’est faite la maîtresse.

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