Eric Zemmour : ne pas en rire

Face au désormais candidat, la gauche a une tâche historique devant laquelle elle ne peut se dérober.

On pourrait choisir d’en rire, mais ce serait une grave erreur. Le polémiste raciste, misogyne et pétainiste Eric Zemmour a confirmé ce mardi sa candidature à la présidentielle de 2022 dans une vidéo YouTube bourrée de manipulations tellement grossières qu’elle pouvait provoquer tout d’abord un sentiment d’incrédulité. Calquée sur la fameuse photographie du général de Gaulle devant son micro à Londres, la mise en scène de Zemmour le présente comme «l’homme providentiel pour sauver la France de son déclin», le titre que la presse du XIXe siècle donnait volontiers au général Boulanger, dont les premières mises en scène à cheval étaient tout aussi grotesques.

L’annonce zemmourienne, en elle-même, coche presque toutes les cases du classique Reconnaître le fascisme d’Umberto Eco, avec les musulmans comme bouc émissaire préféré. Rien de nouveau dans ces délires paranoïaques dont Libé s’inquiète depuis belle lurette, si ce n’est qu’ils ont maintenant infesté le débat public, des primaires de la droite dite «classique» aux plateaux télé dit «équilibrés».

Ne pas en rire, donc. Ses copains d’avant, d’ailleurs, en ont ri un peu trop : «Il s’est mis à demander si on l’imaginait président. On rigolait. On lui a tous dit de ne pas faire de politique. On ne s’improvise pas candidat à son âge. On le prévenait pour le protéger de lui-même», dit l’un d’entre eux dans le portrait édifiant que nous publions du nouveau candidat. Mais qui va protéger les musulmans, les femmes, les juifs, les fonctionnaires, les intellectuels et autres cibles de ces discours de haine ? Pour l’instant invisible dans le débat politique, la gauche a maintenant une tâche historique devant laquelle elle ne peut se dérober. Le premier meeting de campagne de Zemmour, dimanche au Zénith à Paris, sera l’occasion de manifester sa détermination à stopper ce mal français, encore et toujours.

Check Also

Russian Offensive Campaign Assessment, November 18, 2024

Russian officials continued to use threatening rhetoric as part of efforts to deter the United …